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Dernière mise à jour : 26.07.2024
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Ausone poète gaulois ( teston michel )

Ausone poète gaulois ( teston michel )

Ausone poète gaulois ( teston michel )

 

Ausone poète gaulois  ( teston michel)

Ausone de Bordeaux (Vers 309-395)

 

J’ai voulu, dans ce livre, consacrer quelques pages à Ausone, parce que, lui aussi, il est en quelque sorte un poète maudit, non pas par sa vie et sa réussite sociale, mais parce qu’il n’a pas dans nos manuels la place qu’il mérite. On la pratiquement retiré de nos mauels, dictionnaires et encyclopédies ces dernières décennies !

 

Je salue en lui pratiquement le premier et dernier poète gaulois, le dernier poète latin et sinon le père, du moins le grand-père de la littérature occitane, de la littérature française, voire même des autres littératures européennes! Il a donc un rôle charnière dans l’histoire de toutes nos littératures. Les Gaulois, hélas! pour eux, avait une culture exclusivement orale, et je pense que c’est ce qui les a perdus  par rapport aux Romains, car c’étaient des guerriers fantastiques et des gens très ingénieux qui avaient par exemple inventé la braille ou pantalon, et le tonneau qui a fait la gloire séculaire des vins! La guerre gallo-romaine, c’est pour moi l’affrontement décisif, entre l’écrit et l’oral, l’écrit l’emportant historiquement sur l’oral, même lorsque la civilisation orale des druides eut atteint son plus haut niveau. Jamais plus par la suite, une civilisation sans archives écrites n’a pu l’emporter sur une civilisation de l’écrit.

 

Decimus Magnus Ausonius, ou Ausone, naquit à Bordeaux vers l’an 309 et mourut après 393, vers l’an 395. Il était le fils aîné de Jules Ausone, un grand médecin de son temps originaire de Bazas, près de Bordeaux. Son oncle maternel, Emilius Magnus Arborius, était, quant à lui, un fameux mathématicien et astrologue. Par un horoscope, il prédit le plus grand avenir à son neveu.

 

Ausone semble donc avoir été un jeune surdoué,  chouchou, dès l’enfance, de toute sa famille. Et on lui donna les plus grands professeurs du pays, des grammairiens, des rhéteurs, comme son oncle Arborius, rhéteur à Toulouse ! Si bien qu’à trente ans Ausone régentait déjà la grammaire de sa patrie, car l’éloquence et le savoir bien parler était on ne peut plus prestigieux en ce temps-là. Un prof intellectuel et bourgeois, cet Ausone !

 

Il épousa Attusia Lucana Sabina, fille d’un des principaux citoyens de Bordeaux. Elle mourut fort jeune, mais eut le temps d’avoir trois enfants. Son fils Hespérius fut proconsul, et préfet du Prétoire des Gaules ou d’Italie, sous la houlette du poète, son gendre Euromius, fut préfet d’ Illyrie et Thalassius le deuxième mari de sa fille, proconsul d’Afrique. Même son vieux père aura au moins le titre de préfet d’Illyrie ! L’ami Paulin sera consul, juste avant lui, malgré sa jeunesse. Devenu célèbre en enseignant à Bordeaux, l’empereur Valentinien l’appela auprès de lui pour lui confier l’éducation de son fils Gratien, futur empereur, entre l’an 363 et 367.

 

Ce fut, dès lors, la course aux honneurs, bien qu’Ausone fût déjà largement quinquagénaire. Il devint comte, questeur, Préfet des Gaules et de l’Italie (les deux tiers de l’empire romain ) et parvint au Consulat (Numéro 2 de Rome pendant un an renouvelable) en l’an 379. Ausone avait une mémoire prodigieuse et pouvait écrire très vite, puisqu’il écrivit, dit-on, son "Centon" en vingt-quatre heures, sur commande urgente de l’empereur Valentinien qui en avait écrit un lui aussi et qui voulait le comparer à celui d’Ausone !

 

Grâce à la tradition orale gauloise, il apprenait tout par coeur et connaissait à fond tous les auteurs grecs et latins, même ceux qui ne sont pas parvenus jusqu’à nous. Cette mémoire prodigieuse fait de lui un poète qui semble pédant, précieux avant la lettre, mais, en fait, cela relevait de la culture gauloise. Il devait en mettre plein la vue par cette mémoire de druide archiviste.

 

Il fut statufié sur la place publique créée par Trajan, et aujourd’hui encore le Capitole aurait sa statue ( peut-être pas la même, sans doute) . Il semble que la rhétorique des Gaulois ait été à la mode en ce temps-là, car on faisait des académies et des prix d’éloquence à Lyon, Bordeaux, Toulouse, Narbonne. Partout, il y avait des orateurs et des déclamateurs.

 

Mais Ausone était un sage, magnanime, dépourvu d’ambition personnelle et de cupidité, il demandait plus pour les autres que pour lui-même. Il était très attaché à son pays, à sa Garonne, à ses parents et ses amis. Diplomatiquement très habile, il savait flatter l’empereur et c’est sans doute pour ça qu’il réussit à vivre longtemps dans les allées du pouvoir sans se faire égorger et en y jouant, de toute évidence un rôle de modérateur grâce à son esprit de tolérance. Quand l’empereur et la cour lui demandèrent d’écrire un ouvrage obscène, "Le Centon" il s’exécuta en disant plus tard que ses écrits ne constituaient pas la règle de ses moeurs. Chrétien, on lui fit la réputation d’être léger et de ne pas être un fou de Dieu.Pourtant, ce chrétien contemporain de tous les Pères de l’Eglise et ne parlant pas beaucoup de christianisme dans ses oeuvres, avait cependant une chapelle dans sa villa et allait y dire ses prières tous les matins !

 

On apprend aussi en le lisant, qu’il mangeait tous les matins les bonnes huîtres de son pays, le Médoc. Est-ce pour cela qu’il devint largement octogénaire et son père nonagénaire ? Et cependant, il devait à son âge parcourir l’Europe dans son char tiré par trois chevaux, dit-il, plutôt que dans un char à boeufs, comme on l’a reproché aux rois fainéants?

 

Il eut par ailleurs comme élève les hommes les plus prestigieux de son temps, notamment Symmaque, dont l’amitié semble très socratique, et Paulin de Nole, qui, comme l’empereur Théodose lui-même, s’adressait à Ausone en le traitant du terme très respectueux de : mon père. Paulin était un aristocrate, un consul, peut-être grâce à Ausone qui plaçait ses parents et ses amis aux plus hautes fonctions romaines. Il plaqua tout pour aller vivre comme un ermite à la campagne ( mais quand même avec Thérasie, sa charmante épouse espagnole, ce qu’Ausone, un peu jaloux, lui reprochait ) pour devenir un évêque et un saint reconnu du christianisme.

 

Par ailleurs, on s’est même demandé, si saint Ausone, évêque d’Angoulême, et le poète du même nom, qui avait des propriétés jusqu’à Saintes, n’était pas, en fait, la seule et même personne car, en ce temps-là, on choisissait des hommes savants comme évêques  et les canonisations se faisaient surtout par la piété et la dévotion du peuple envers un homme méritant, ou pour des raisons politiques.

 

L’époque d’Ausone est une époque de saints, et même celle des Pères de l’Eglise. J’en citerais quelques-uns : saint Martin, saint Ambroise, saint Jérome, les deux saint Grégoire, de Naziance et de Nysse, et le frère de ce dernier, saint Basile, le pape saint Athanase, saint Paulin, saint Delphin de Bordeaux, saint Sulpice Sévère, etc., des saints qui ont eu aussi un grand rôle politique et qu’Ausone a dû connaître, par exemple dans les conciles... Il est aussi intéressant de constater que le latin d’Eglise est le latin de ces gens-là,  et le latin d’Ausone.

 

Gratien, le jeune empereur dont il fut le précepteur, fut tué par Maxime, son successeur, en 383.Sans doute qu’Ausone n’apprécia pas, car il se retira chez lui, malgré l’insistance de Théodose souhaitant le contraire. Théodose finira lui-même par tuer l’usurpateur Maxime et être le dernier, et pour  quelques mois seulement, à avoir réuni les deux empires, celui d’occident et celui d’orient. Il prit donc sa retraite dans son domaine, près de Bordeaux, où il n’avait pas seulement son petit héritage(voir ci-dessous).

 

Riche, sage, cultivé et raffiné, il vivait alors avec son élève préféré, le futur saint Paulin, évêque de Nole, il nous parle aussi de Bissula, une jolie fille, un butin de guerre offert par l’empereur Valentinien lors de sa campagne contre les Alamans, en 368, une enfant qu’il avait aussi adoptée, éduquée, et peut-être aimée tendrement par la suite, tant il en parle poétiquement. Mais on ne peut douter de la bonté de cet homme, dans l’époque dure qui fut la sienne, au milieu de la tyrannie (Valentinien, Maxime, Valens, Théodose, tous cruels, seul le jeune Gratien, l’élève puis le grand bienfaiteur d’Ausone, semble avoir été plus sympa, mais il sera assassiné à l’âge de vingt-quatre ans, entre Lyon et Grenoble, qu’il fonda, Gratien étant l’origine étymologique de Grenoble). Au milieu de tous ces Césars et ces Augustes, comme il le dit lui-même, Ausone semble avoir joué un rôle politique de pacificateur, avoir été un homme tolérant, capable de concilier l’inconciliable: le christianisme et la barbarie politique.

 

En ce temps-là le pouvoir romain s’était déplacé à Trêves, mais Ausone semble avoir voyagé d’un bout à l’autre de l’Empire avec une facilité déconcertante pour les automobilistes que nous sommes tous aujourd’hui. Vu ses fonctions, les empereurs lui demandaient parfois de faire des oeuvres de propagande : La Moselle (ayant pour but de faire croire aux Romains que Trêves était un Pays de Cocagne plein de poissons, de naïades, etc. ) ou le Centon nuptial parce qu’on devait être paillard, orgiaque, ivrogne et débauché dans le milieu de la cour...

 

Ausone, super habile, sauve à chaque fois sa peau avec élégance, près des empereurs il s’en tirera mieux que Cicéron, Pétrone ou Sénèque, assassinés ou contraints au suicide, il s’acquitte fort bien de ce qu’on lui demande, avec élégance et courtoisie, sans croire un traitre mot de ce qu’on l’oblige à dire ou à écrire, car il s’en explique en privé, à ses amis intimes. Malgré tout, il y a quand même en lui un vrai Gaulois. Jamais l’Eglise ne pourra canoniser l’auteur du Centon nuptial !

 

Ses principales oeuvres ce sont : les Epitaphes, où il nous parle des héros de l’Antiquité et de l’Histoire, les Epigrammesoù on voit qu’Ausone est le critique d’art de son temps, les Ephémérides qui présente un grand intérêt historique et documentaire sur la vie quotidienne de son temps,

les Eglogues, où il montre son érudition professorale, les Epitres, notamment à Paulin et à Symmaque où on voit son esprit et son intelligence philosophique, les douze césars, les Idylles qui constituent son oeuvre la plus poétique au sens lyrique du terme, où il nous parle de la Moselle, des roses dont s’inspirera Ronsard, mais aussi de son pays, l’ Ordre des villes célèbres, de ses parents, Parentalia,  de  ses maîtres, Professores,  de  ses collègues avec un don de l’observation et de la peinture, et beaucoup de sensibilité et d’affection.

 

Ausone est poète, critique d’art, académicien, savant, ministre de la culture et de l’éducation, conseiller des empereurs, préfet du prétoire, c’est-à-dire grand chef miltaire, tout ce qu’on veut ! On regrettera qu’une de ses oeuvres majeures ne soit pas arrivée jusqu’à nous, à moins qu’elle ne soit enfouie dans l’enfer d’une grande bibliothèque européenne, et qu’on la redécouvre un jour, il s’agit des Fastes de Rome.

 

Extrait du livre de Michel Teston : "De quelques poètes maudits et troubadours" , 2008, ISBN 2-9509937-2-9 © Teston Michel écrivain , auteur du blog.

 

 

Epigrammes

 

De Augusto

 

Phoebe, potens numeris; praeses, Tritonia, bellis ; Tu quoque ab aerio praepes, Victoria, lapsu, Come serenatam duplici diademate frontem, Serta ferens, quae dona togae, quae praemia pugnae. Bellandi fandique potens, Augusta honorem Bis meret : ut geminet titulos, qui proelia Musis Temperat, et Geticum moderatur Apolline Martem. Arma inter Chunosque truces, furtoque nocentes Sauromatas, quantum cessat de tempore belli, Indulget Clariis tantum inter castra Camoenis. Vix posuit volucres, stridentia tela, sagittas, Musarum ad calamos fertur manus, otia nescit, Et commutata meditatur arundine carmen : Sed carmen non molle modis ; bella horrida Martis Odrysii, Thressaeque viraginis arma retractat. Exsulta, Aeacide : celebraris vate superbo Rursum, Romanusque tibi contingit Homerus.

 

Sur Auguste

( Traduction de Corpet)

 

Phébus, dieu des nombres; Tritonienne, qui présides aux batailles; et toi, Victoire, dont l'aile agile glisse du haut des airs, orne ce front serein d'un double diadème, apporte ces guirlandes qui servent de parure à la toge et de prix à la vaillance. Puissant par les armes et par l'éloquence, Auguste mérite ce double hommage : il a deux titres de gloire, puisqu'il tempère les combats par les Muses, et qu'il corrige, par Apollon, Mars le Gétique. Au milieu des armes et des Huns farouches, et des Sarmates si redoutables au pillage, tout le temps où la guerre repose, il le consacre dans son camp aux vierges de Claros. A peine sa main a déposé les traits ailés et les flèches sifflantes, qu'elle saisit le roseau des Muses : impatiente du repos, elle change d'armes et médite des vers ; mais pas des vers aux molles cadences : elle retrace les horribles guerres de Mars Odrysien, et les exploits de l'héroïne de Thrace. Réjouis-toi, Eacide, un noble poète te célèbre encore, un Homère latin s'est rencontré pour toi.

Contre Eumpina qui avait violé la Foi conjugale

 

Une femme lubrique avait préparé du poison pour son mari jaloux : craignant que sa dose ne fût pas assez forte pour le faire mourir, elle y mêla suffisamment de mercure, afin que la violence du poison étant redoublée, il opérât une mort plus prompte. Si quelqu'un sépare ces deux choses, chacune des deux fait un poison à part, et sert de contre-poison, si on les prend ensemble. Tandis que les breuvages empoisonnés se débattaient entre eux, cette potion mortelle tourna à l'avantage de l'époux. Les choses passèrent tout de suite par des voies ordinaires. Que les Dieux ont d'attention pour nous! Le trop de cruauté de cette épouse fut avantageux à cet homme, et lorsque les destins le permettent, un double poison ne saurait nous nuire.

A Galla qui commençait à être une vieille fille

 

Nous vieillissons, vous disais-je, Galla, le temps passe, profitez de vos jours. Une fille chaste est déjà vieille : vous avez méprisé mes conseils. Cette vieillesse que vous ne pouviez pas concevoir est arrivée insensiblement. Vous ne pouvez plus rappeler les jours que vous avez perdus. A présent, vous en êtes fâchée, et vous vous plaignez de n'avoir pas autrefois voulu, ou de ce qu'à présent vous n'êtes plus aussi belle. Accordez-moi cependant vos faveurs, joignez-y les plaisirs passés, accordez-les moi, j'en profiterai, et si je ne possède pas ce que je veux, que je jouisse au moins de ce que j'ai tant désiré.

 

A mon épouse

 

Vivons, ma chère épouse, comme nous avons déjà vécu, n'oublions jamais ces noms de tendresse que nous nous donnâmes mutuellement dans le temps de nos premières amours. Qu'aucun jour ne nous voie suivre le goût du siècle ; que vous me regardiez, au contraire, comme si j'étais toujours jeune, et que j'aie pour vous les mêmes égards que j'aurais si vous étiez encore fille. Quoique je sois déjà plus vieux que Nestor (1), et que je jalouse de vivre longtemps, vous surpassez en âge Deiphobé (2), la Sybille de Cumes. Ignorons ce que c'est qu'une mûre vieillesse. S'il est bon de savoir la valeur des années, il ne convient jamais de les compter.

Le petit héritage

Salut ! petit héritage, royaume de mes ancêtres, que mon bisaïeul, que mon aïeul, que mon père a cultivé que m'a laissé mon père enlevé déjà vieux par une mort trop rapide encore. Hélas ! j'aurais voulu pouvoir ne pas sitôt en jouir! Sans doute il est dans l'ordre de la nature qu on succède à son père ; mais, quand on s'aime bien, il est plus doux de posséder ensemble. A moi maintenant les travaux et les soucis : auparavant le plaisir seul était mon partage; le reste regardait mon père. Bien petit est mon petit héritage, j'en conviens ; mais rien ne semble petit quand on vit en paix avec soi-même, et, on peut ajouter, en paix avec les autres.Il vaut mieux, je pense, que la chose obéisse à l'esprit, que l'esprit à la chose. Crésus désire tout, et Diogène rien. Aristippe jette son or an milieu des Syrtes, et tout l'or de la Lydie ne suffit pas à Midas. Qui ne met point de borne à ses désirs, n'en sait point mettre à son avoir. Il n'y a de mesure aux richesses, que celle qu'on impose à sa cupidité.   ( Ausone, Idylles )

 

Mais apprends quelle est l'étendue de mon domaine : tu apprendras ainsi à me connaître, et à te connaître toi-même, si c'est possible. Car cette connaissance n'est pas chose facile, et ce Connais-toi, toi-même que nons lisons si vite, nous l'oublions de même. Je cultive deux cents arpents en terre labourable ; j'ai cent arpents en vignes, moitié en prés, et, en bois, au moins. deux fois autant qu'en prés, en vigne et en labour. Pour la culture de mon champ, je n'ai ni trop ni trop peu d'ouvriers. Auprès, une source, un puits peu profond, et un fleuve limpide et navigable : son flux et son reflux m'amène et me remmène. Je conserve toujours des fruits pour deux ans : qui ne fait pas de longues provisions, sent vite la famine. Ma campagne est située ni trop loin ni trop près de la ville ; j'échappe ainsi aux importuns, et je suis maître de mon bonheur. Et chaque fois que l'ennui me force à changer de place, je pars, et je jouis tour à tour de la ville et des champs.

(Ausone, Idylles)

 

Ausonii  villula

Salve, herediolum, majorum regna meorum, Quod proavus, quod avus, quod pater excoluit ; Quod mihi jam senior, properata morte relinquit : Heheu, nolueram tam cito posse frui! Justa quidem series patri succedere : verum Esse simul dominos, gratior ordo plis. Nunc labor, et curae mea sunt : sola ante voluptas Partibus in nostris ; cetera patris erant. Pararvum herediolum, fateor : sed nulla fuit res Parva unquam aequanimis ; adde etiam, unanimis. Ex animo rem stare aequum puto, non animum ex re. Cuncta cupit Croesus, Diogenes nihilum : Spargit Aristippus mediis in Syrtibus aurum : Aurea non salis est Lydia tota Midae. Cui nullus finis cupiendi, est nullus habendi. ...   

(Ausone, idylles)

Extrait du livre de Michel Teston : "De quelques poètes maudits et troubadours" , 2008,  ISBN 2-9509937-2-9 © Teston Michel écrivain , auteur du blog.

Ci-dessus vieux portrait d'Ausone.