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comment je vais, patricia? tout doucement, je vieillis (80) et je deviens gâteux petit à petit, au point de ne
Par Michel, le 23.11.2024
comment vas-tu michel ? http://patrici a93.centerblog .net
Par patricia93, le 20.11.2024
merci, petite soeur! j'ai quatre-vingts ans cette année, tu vois comme le temps passe! on se fait traiter de p
Par michel, le 14.11.2024
bonjour petit frangin d,une autre vie , j,espère que ce message te trouvera en meilleur santé et que cela
Par +veronique+, le 31.10.2024
merci beaucoup, petite soeur véro. je ne vais pas très bien je vais peut-être entrer dans une maison de retrai
Par teston tramontane, le 29.10.2024
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Date de création : 27.01.2012
Dernière mise à jour :
26.07.2024
379 articles
© Photo montage de l'auteur
Voici la suite et pas encore la fin puisque je viens d'être coupé à l'instant, du deuxième tome de mon "Journal et pensées d'un jeune poète des années 60" (Michel Teston, ISBN 2-9509937-5-3).
Je finirai de corriger les fautes de toutes sortes (scanner, ordinateur, magnétophone, etc.) dans les jours qui viennent.
Je vous souhaite une bonne lecture si le cœur vous en dit.
(Tome 2, page 13 du blog)
20 décembre 1965
Poème
Diane
Dans les bois un jour, j'ai rencontré Diane
Elle m'aimait et je l'aimais
Mais elle était trop belle et je n'osais l'aimer.
Un jour dans une rue, j'ai rencontré Vénus
Mais elle était si belle que j'en fus effrayé
Et j'avais si peur d'elle que je n'ai pu l'aimer.
Un jour, dessous mon toit
j'ai rencontré la femme
Qui me désirait, qui me souriait tendrement.
Je ne pouvais parler tant elle me souriait
Et je n'osais l'aimer.
Un jour j'ai rencontré la Muse
La Muse aux longs cheveux,
Ses cheveux étaient blonds
Ses cheveux étaient beaux
Et son corps magnifique.
Quand elle me regardait
De ses yeux grands ouverts,
De ses yeux d'un beau vert,
Je me sentais faillir
Et ne pouvais l'aimer.
Mais un jour je crierai en la voyant :
Un cri terrible déchirera la nuit.
Je ne pourrai longtemps
La voir sans rien lui dire
La regarder sans la toucher
Il faudra bien qu'elle me voie
Il faudra bien qu'elle m'entende
Il faudra bien aussi qu'on s'aime.
(M.T.)
Je voudrais parler ici des deux arts qui me tiennent particulièrement à cœur : la danse et la photographie.
Les danseurs sont vraiment les maîtres de ce monde et les rois du charnel, car leur expression spirituelle, ils la manifestent par l'intermédiaire de leurs corps. Ils connaissent, consciemment ou inconsciemment, toutes les nuances de l'expression corporelle, et notre monde qui est avant toute chose concret est fait pour eux comme l'eau est faite pour les poissons. Mais quelle joie étonnante et naïve que de se sentir bien dans son propre corps ! Que de se sentir parfaitement libre de ses mouvements et de se libérer par des gestes ! C'est une joie essentiellement animale et la joie que ressent certainement un cabri qui saute dans les prés ou un cheval qui piaffe au son de la musique, mais c'est peut-être la plus grande joie que l'homme puisse ressentir.
Quant aux gestes de l'amour, ne sont-ils pas eux-mêmes une danse, et l'amour n'est-il pas d'abord l'expression de la joie de vivre !
Ah ! on ne peut pas ne pas envier la gracilité, l'élégance et, disons-le franchement, la puissance d'expression d'un couple de danseurs ?
Quant à la photographie, elle est en somme un mouvement arrêté, une danse suspendue, mais ici le spectateur s'exprime lui aussi par la façon dont il a perçu l'image au moyen de la caméra, au moyen de l'objectif qui, contrairement à ce qu'il pourrait faire croire, n'est jamais objectif mais toujours subjectif. Il y a quelqu'un qui a dit qu'il n'y a rien de plus subjectif que l'objectif. Cette subjectivité est en quelque sorte le sceau de l'artiste.
Je voudrais bien vous photographier, chère muse, vous qui ne portez pas de péplum bien sculpté, tout comme j'aime à vous voir danser !
De l'art moderne
J'aime bien admettre modestement que je ne suis pas génial, et même que je ne suis pas très intelligent si j'en crois certaines personnes que je crois, moi, et en toute franchise, fort intelligentes, que je ne suis qu'un jeune chien et que je suis mal placé pour juger les œuvres d'art. C'est pourquoi, les opinions que je donnerai ici seront sans fondements, niaises, et sans portée. Mais je tiens tout de même à dire ce que peut bien penser un imbécile moyen sur les choses éclectiques et quasi incompréhensibles que l'art contemporain.
La première opinion sera celle-ci , à savoir que la vocation de l'art c'est de faire preuve de sociabilité. L'artiste, tout le monde sait qu'il est divin, mais il a malgré tout une certaine ressemblance avec l'homme, et il semblerait que, de par cette ressemblance, il soit autorisé à se faire comprendre des bipèdes profanes n'ayant pas reçu le feu sacré du ciel comme Prométhée. Evidemment, l'artiste peut être complètement idiot, et, si on préfère, complètement hermétiques, il peut, comme l'a fait je crois Roland Dorgelès, faire un tableau avec un pinceau accroché à la queue d'un âne, c'est là d'ailleurs qu'on voit la main du maître, mais cet art qui reste incompris des autres hommes n'est pas de l'art et l'âne ne mérite pas d'être qualifié d'artiste, comme on peut le penser ! Les gens intelligents peuvent jouer aux idiots, mais les ânes ne peuvent pas jouer aux intelligents.
Ainsi, l'artiste doit s'adresser à d' autres hommes, mais qui sont ces hommes ? Eh! bien, ces hommes doivent être de préférence les contemporains de l'artiste : en général, quand on s'adresse à quelqu'un on aime mieux l'avoir devant soi ou derrière un mur ou au haut d'un fil. Ainsi, l'artiste doit s'adresser d'abord à ceux qu'il côtoie, c'est à dire à ses contemporains. Certes, on a vu des écrivains, presque inconnus à leur époque qui se sont révélés des années, voire des siècles plus tard, mais c'est Baudelaire, c'est Chatterton qui n'ont jamais été reconnus de leur vivant comme de grands artistes, peut être parce que dès le départ ils s'étaient limités eux-mêmes ; c'est pourquoi l'artiste doit s'adresser avant tout à ses contemporains, et un artiste qui n'est pas prisé par ceux-ci est semble-t-il un artiste incomplet.
D'autre part, l'artiste ne doit pas non plus s'adresse seulement à une élite, mais à la plus grande masse possible des hommes. Pourquoi l'artiste se frustrerait-il lui-même en ne voulant pas être apprécier des gens du peuple, de ce que Voltaire appelait :« la partie saine du peuple » ?
L'artiste doit, comme Molière ou La Fontaine, s'adresser aussi bien aux érudits qu'aux enfants.
Mais qui sont ces gens dont l'art est incompréhensible ? Faut-il être sot pour trouver beau et grand des toiles dont l'interprétation est celle que l'artiste a bien voulu leur donner et que chacun peut interpréter à sa façon ? Non ! Le véritable art ne doit jamais laisser place au doute, et doit être étonnant de clarté et de vérité, et plus l'expression est parfaite, plus l'art lui-même est parfait. Les tableaux actuels dont l'expression est confuse, ne sont pas du véritable art et ils mourront en temps que tels, à mon avis. Il est regrettable, quoique normal, de voir que les gens, par snobisme, se forcent à apprécier les œuvres sottes qu'on leur présente et la mystification est tellement puissante, qu'effectivement certains arrivent à trouver des choses étonnantes à partir d’œuvres nulles, mais dans ces cas-là, c'est plutôt le critique qui est un artiste trompé par son époque, ne sachant pas réagir, ne sachant pas trouver la vérité, et que comme une fourmi perdue dans l'océan s'efforcerait mais en vain de regagner la rive, comme l'aurait si bien dit la Fontaine.
Quel est donc cet art hermétique que l'on a trouvé dans le littérature, la peinture, et même le cinéma ? Tous ces artistes ont abouti à des impasses, ils ont été les malheureuses victimes de leur triste époque, même s'ils sont les témoins de leur époque, mais leur art ne vaut rien et mourra, leur art est limité à leur époque et ne passera pas même le siècle où ils vivent, il n'intéressera jamais que quelques érudits, et ne sera jamais populaire et ne sera donc jamais éternel. Cette génération est une génération de faux artistes et de faux poètes :
« Aimez donc la clarté, que toujours vos écrits
Empruntent d'elle seule et leur lustre et leur prix !"
comme aurait dit Boileau.
Non ! Ce n'est pas par l'hermétisme qu'on peut prétendre être un grand artiste : ce serait trop facile. Le véritable art est universel et intemporel.
Et si, parmi les artistes hermétiques, beaucoup ont été appelés, en vérité, je vous le dis, peu seront élus.
Le drame quotidien
Derrière les carreaux, la pluie tombait toujours.
Elle était sur le lit, à moitié dévêtue
Mignonne avec ses bras si tendres et si menus
On eût dit qu'elle était morte de son amour.
Endymion de ses doigts lui retournait la tête
Et trempait sa main moite au sein de ses cheveux
Voulant la regarder, lui faire ses aveux
Mais devant ses beaux yeux, sa stupeur fut muette.
Il n'avait jamais vu une telle tendresse.
Allongée sur le lit dans son laisser aller
Elle s'abandonnait en proie à ses baisers
Elle n'en pouvait plus, ivre de volupté.
(M.T.)
On dit que les autres ne nous aiment pas lorsque l'on est soi-même incapable de les aimer, et qu'on ne veut pas se l'avouer, n'admettant pas ses propres faiblesses et son amour-propre.
Les gens ne peuvent pas savoir à quel point l'artiste manque de sincérité.
La poésie est sûrement le moyen d'expression le plus parfait dans ce sens qu'il ne s'encombre de rien, qu'il se rapproche le plus de la pensée, et qu'il s'épanche en quelques libertés sans l'aide d'aucun instrument.
La parole, c'est la pensée, et la poésie, c'est la parole dans ce qu'elle a de plus libre.
Ce que les gens appellent l'inspiration, ce n'est jamais que la pensée qui trouve le moyen de se concrétiser immédiatement.
Le musicien qui improvise est inspiré, mais son expression n'est pas tout à fait celle de la pensée, contrairement à celle du poète.
Les arts, autres que la poésie, n'ont de la valeur que dans le sens où ils pensent, c'est-à-dire finalement dans la mesure où ils sont poétiques.
Un tableau, une sculpture, une musique, une photographie pensent, mais leur pensée est beaucoup moins précise, j'allais dire beaucoup moins intelligente que la pensée poétique.
Le poète est de tous les artistes celui qui s'exprime le mieux, celui qui est le plus près de l'absolu et plus près de Dieu en qui se trouve la voix, la vérité et la vie, car Dieu est aussi pensée, s'il est amour.
La poésie, c'est aussi et surtout la façon de dire les choses ; tout est dans la façon de dire les choses.
L'homme est bien tout de même un sadique, et il y a bien chez lui un désir méchant de faire le mal. Pourquoi éprouve-t-il le besoin d'exercer cette agressivité, justement sur des êtres faibles, mignons, jolis, tendres et fins ? Il y a en lui le désir obscur de violer méchamment et brutalement ceux qui justement ne devraient pas être violés. Je pense aux femmes bien entendu. Peut être est-ce une jalousie instinctive, une haine de l'autre sexe qui le pousse à agir ainsi et qui motive sa conduite ?
Joie de l'homme contemplant son œuvre comme Dieu contemple son image.
Il faut sortir à n'importe quel prix de la routine quotidienne. L'extraordinaire et le nouveau sont les seules raisons d'être. On a besoin de nouveau pour créer, il est nécessaire et indispensable à toute création, il en est la condition « sine qua non ».
Aujourd'hui , en guise de nouveauté, je suis allé prendre des photographies dans la nature. J'ai essayé de les rendre très expressives et de leur donner du relief. J'ai pris deux villages, un ruisseau et un troupeau de chèvres. Evidemment, j'aurais préféré prendre en photo une jolie fille, ou même la prendre au milieu du ruisseau, elle n'aurait sûrement pas gâcher la pellicule. J'aurais bien aimé aussi être pris en photo avec une jolie fille, il n'empêche que les photos seront sûrement très bonnes.
Il vaut mieux ne pas être trop lyrique lorsque l'on fait de la prose, car le lyrisme c'est bien pour la poésie.
Je viens d'aller au bal de la saint Sylvestre, et je dois dire qu'il y avait longtemps que je n'en avais pas vu de pareils. Une ambiance extraordinaire. La trompette hurlait dans une salle immense et extrêmement bien sonorisée. J'étais obligé de hurler pour parler à ma cavalière. J'ai rarement, pour ne pas dire jamais, passé une soirée aussi enivrante. On se sentait l'âme traversé et comblé par ce brouhaha de la foule auquel chacun participait d'une part, et d'autre part par le cri démentiel de la trompette. De l'ivresse, de la véritable ivresse !
Je me souviens d'une fille toute habillée de rouge qui retenait tout particulièrement toute mon attention. Décidément, je ne cherche et je n'aime que les gens remarquables ; sa robe rouge lui moulait bien le corps et notamment sa taille, et on sentait que décidément, elle aurait bien voulu que quelqu'un la caresse, je parle de la robe, bien sûr. Peu de temps après, je l'ai vue qui posait sa main sur l'épaule d'un garçon et semblait vouloir s'abandonner contre lui. Je ne suis pas jaloux, mais j'aurais bien voulu être à la place de ce garçon, car c'est ce genre de fille que j'aimerais.
Oui, je suis en train de donner un sens à ma vie et de me réaliser. La plus grande joie que puisse éprouver l'homme, se trouve sûrement dans la création, encore faut-il que cette création réponde à tous ses désirs. La majorité des hommes trouve sa joie dans l'amour, sûrement parce que l'amour résume finalement tous les besoins de l'homme.
Mais quels sont ceux qui filent le parfait amour ? Ils sont très rares, et souvent même, cet amour ne dure pas. Alors, comment trouver l'amour ailleurs que dans l'amour proprement dit ? Il n'y a pas trente-six solutions : il faut créer tout ce qui nous manque et tout ce dont on a besoin. La création, c'est la compensation de celui qui ne peut pas supporter ces manques. Il est évident que ces manques sont d'autant plus grands que l'esprit en demande. L'imbécile ne manque de rien et n'éprouve pas le besoin de créer, et l'homme est d'autant plus heureux que ces manques sont complets.
Ainsi le saint trouve tout l'amour dont il a besoin dans son mysticisme ou dans sa charité. Le poète qui manque d'amour trouvera cet amour dans la création de poésies érotiques ou autres...
Plus le temps passe, et plus je m'aperçois que la poésie répond à tous mes besoins, et j'aimerais bien pouvoir affirmer que la poésie est le moyen le plus parfait de l'expression humaine. C'est en elle, en effet, qu'on trouve tout ce qui nous manque. Prenez un livre de proses, un livre dans la pensée est très profonde et très serrée : il exprimera beaucoup de choses, mais l'expression n'outrepassera pas la concision de la phrase.
La poésie, au contraire, nous apprend à lire entre les lignes ; c'est le moyen qu'a l'homme d'exprimer encore plus que la phrase, et même souvent d'exprimer aux autres plus encore qu'il n'a voulu le faire. Comme le dit je crois Paul Valéry, à moins que ce soit Mallarmé, la poésie, c'est l'art de suggérer : « Suggérer, voilà le rêve ». Est-ce par ce mystère dans lequel nous plonge le poète, par ses esquisses qu'il nous propose et que chacun a soin de compléter comme il le désire, est-ce par ce mystère qu'il exprime tant de choses ? J'irais même plus loin, et je dirais que la poésie gagne à être simple et naïve. Conformément à ce qu'on pourrait croire, ce ne sont pas les grands mots et les grandes phrases qui expriment le plus quantitativement, même si ce sont eux qui expriment le mieux qualitativement.
La poésie est avant tout un départ, une esquisse, une suggestion qui peut être complétée par l'imagination du lecteur, et qui apparaît tout de même complète à celui qui ne peut rien surajouter.
Voilà quelle est la supériorité de la poésie sur la prose ! Il est évident que la prose est beaucoup plus expressive lorsqu'elle qu'elle a un tour poétique comme chez Nietzsche, Chateaubriand et Pascal.
Quel est l'homme qui n'a pas rêvé acquérir une expression parfaite ? Toi qui peut exprimer le plus parfaitement du monde choisis donc avant tout autre manière de t'exprimer avant tout autre art, choisis donc la poésie...
L'expression
Décidément, il n'y a qu'une chose qui compte chez les hommes, c'est l'expression. Je suis fasciné par celui qui a acquis cette expression parfaite. Je l'envie et j'aimerais pouvoir faire comme lui. Il est la séduction incarné. Et les hommes apprécient à ce point l'expression de leurs semblables que l'homme réussit dans la vie justement dans la mesure où il sait bien s'exprimer. N'est-il pas étonnant de voir par exemple qu'un simple chanteur éclipse complètement aux yeux des autres ses propres musiciens qui ont pourtant plus de mérite semble-t-il à jouer d'un instrument qu'à chanter ? Mais le chanteur est un être éloquent qui s'exprime et qui charme. Il chante, il se trémousse, il danse, et la danse est encore un autre moyen d'expression. Il semble donc que l'homme parvienne à une sorte de paradis, que d'autres appelleraient un « ailleurs », par l'intermédiaire de l'expression. j'écoute en ce moment la radio et je suis charmé par ces belles musiques ou ces belles chansons dans lesquelles on voit s'exprimer les hommes à part entière, des hommes comme nous. L'artiste est vraiment le chef et le Dieu de la création, car plus que quiconque, il agit sur ses semblables, et même il agit toujours en bien, car il élève l'âme et l'art est quelque chose d'absolument éthéré, il est la pureté même. On y soit qui mal y pense et on y soit qui veut abaisser l'art en l'employant dans un sens utilitaire ou intéressé.
Qu'y-a-t-il de plus beau et de plus innocent qu'une belle musique ou qu'un beau poème ? Mais honni soit le tyran qui veut se servir de la musique pour entraîner ses hommes à la guerre ou au feu, on y soit aussi le prédicateur nazi qui veut tromper la foule par sa pseudo éloquence ? Mais le prédicateur pas plus que le tyran, n'est un véritable artiste.
C'est étrange, mais je souffre ce soir de ne pouvoir exprimer ce que je ressens. Je souffre aussi de ne pas avoir d'inspirations de ne pas avoir trouvé en toute une journée cet élément essentiel autour duquel un monde se construit. Tristesse de ne pas trouver un souvenir, le plus minime soit-il, digne de ce nom ! Une seule chose suffit parfois, une seule chose, la moindre en apparence, aurait suffi ce soir, ne serait-ce que la vue d'un être qu'on aime. L'être humain est-il donc si misérable pour se sentir gonflé, ragaillardi, stimulé par le plus petit des souvenirs amoureux ? Faut-il que l'amour soit rare pour qu'on lui attache autant de prix. Regardez cet homme isolé, cet homme qui souffre, en proie au désespoir et au bord du suicide ; une force inconnue le pousse chez une fille qu'il connaît, il essaie de lui dire la raison de son ennui, elle l'écoute, et, ne voulant pas trop payer de sa personne, elle se contente de lui poser la main sur sa joue comme on le fait pour dire à un enfant qu'il est bien sage et qu'il peut retourner à ses jeux. Et le voilà soudain ragaillardi ! En sortant de la maison de son amie, il pénètre dans un nouveau monde où règne la jeunesse et l'optimiste... Pauvre être que cet homme, si facile à consoler ! Mais ce divin remède qu'est l'amour sait-il seulement l'utiliser ? Non ! Il se complique l'existence par un extraordinaire respect humain, s'enferme dans un conformisme infranchissable. S'il ne veut pas passer pour un fou, il doit rester dans de sages limites, tenir compte des conventions sociales. Il n'est pas question évidemment de se comporter comme des rustres, mais comment les gens ont-ils peur de la franchise ? Que l'hypocrisie soit célébrée, passe encore, mais que la franchise soit condamnée, voilà bien le mal le plus terrible de la société.
Je raconte la vie de mon âme au jour le jour. Je ne cherche pas à avoir de la suite dans les idées, cela n'est pas nécessaire, et n'est pas réelle puisque la vie n'a pas de suite. Je chercherai seulement à dépenser à à bien exprimer ce que je ressens. Ainsi, mon œuvre présentera un certain réalisme de tous les jours : ce ne sera pas ces compositions savante, ce roman mené de bout en bout par une main de maître, mais qui ne correspondent à rien dans la réalité. Ce ne sera pas non plus, du moins je l'espère, ce laisser aller écœurant, cette nonchalance, ce dédain suprême, cette façon de vouloir déconcerter les lecteurs. Il y aura une certaine poésie, c'est à dire une certaine perfection. Il y aura aussi une certaine clarté, et lorsque je dirai que c'est noir, ce ne sera pas blanc. Il y aura aussi de la simplicité, et peut être aussi un peu de naïveté, car toutes deux sont les sœurs de la clarté. Il y aura aussi, je l'espère, un «frisson nouveau », comme disait Hugo à propos des "Fleurs du Mal" de Baudelaire, car cette œuvre, combinaison de plusieurs genres, sera originale...
Certains ne manqueront pas de dire en étudiant un auteur qu'il a été influencé par un tel ou un tel, mais qu'entendent-ils au juste par influences ? Est-ce une influence perceptible et réelle ou bien furtive et sans fondements ?
Pour ma part, je suis content de constater que lorsque je crée, je ne me soucies guère de ce que les autres ont pu dire. Je me moque bien de leur influence, même si elle existe par ailleurs. J'écoute seulement la voix d'intérieur, dégagée de toute contrainte. J'essaie à ma façon de faire de la poésie dans l'expression de ma pensée. Je veux à tout prix l'exprimer, c'est à dire le faire comprendre des autres au moyen d'un langage le moins hermétique possible. Sitôt que ma pensée, comme l'onde a pu se canaliser dans les phrases et les mots, je la laisse péniblement couler. Le plus dur en poésie, c'est la matérialisation de la pensée. Tout poète ressent quelque chose, mais ce n'est pas là la chose la plus importante, le bon poète c'est aussi celui qui interprète bien son impression. Les poètes hermétiques ont essayé d'interpréter la pensée, ils l'ont fait, mais mal, pour la seule raison qu'on n'a pas compris ce qu'ils disaient. Pour comprendre cette poésie, il fallait être initié, être dans les petits secrets du poète, on avait encore besoin d'explications. Autrement dit, le poète était un pseudo interprète devant lui-même être interprété.
Non ! Le poète doit s'adresser à un homme et non pas à un savant. S'il ne veut s'adresser qu'à lui-même et s'il parle tout seul, libre à lui, mais qu'on ne vienne pas nous dire par on sait quel snobisme de basse couche que sa poésie a de la valeur. Ce qui fait la valeur des choses, c'est leur rareté, certes, mais c'est aussi la possibilité qu'ont ces choses d'être utilisées par tous dans un cadre social tel l'or ou l'argent par exemple.
23 janvier 1966
Il faut créer sans tenir compte de rien, c'est d'ailleurs la seule façon d'être vraiment original. Il faut laisser venir l'inspiration et la prendre comme elle est, il faut trouver une expression libre et primesautière libérée de toute affectation et je dirai même de tout travail. Il faut pouvoir arriver, après une longue expérience, à une expression instantanée et naturelle. Il faut donc que l'expression soit la plus naturelle possible et qu'elle coule de source comme l'eau claire et limpide d'un torrent...
Quelle est donc cette recherche affectée et scabreuse d'assurer la liste ? Ils manquent complètement de naturel, ils ne sont pas poètes pour un sou, bien qu'ils prétendent l'être. Ils sont simplement les témoins de leur époque, c'est à dire d'une époque a-poétique s'il en fut. Paul Valéry par exemple est tout sauf un véritable poète. S'il est un observateur politique, une sorte de visionnaire extraordinaire et génial, c'est un critique d'art merveilleux, peut-être même un historien. En tout cas, ce n'est pas pour moi un véritable poète. Il est à peu près aussi poète que Boileau, Malherbe, ou Mallarmé. Tous les quatre sont d'ailleurs célèbres en tant que poètes, car la poésie est un peu synonymes de snobisme et parce que les grands génies se sont exprimés par la poésie ou plus exactement par leur propre poésie.
C'est toujours par la poésie que se font les grandes renommées littéraires.
Il y a des gens qui ne croient qu'au lendemain, qui ne vivent que dans le futur. Combien de temps durera cette expérience ? Toute une vie. Imbéciles ! Seul aujourd'hui compte. C'est aujourd'hui qu'on fabrique le souvenir de demain ; si on ne fait rien aujourd'hui, on ne fera rien non plus demain, et on n'aura pas même un souvenir pour les jours de repos.
27 janvier 1966.
Le plus dur pour le poète, c'est le succès. Il faut qu'il trouve le moyen de s'extérioriser et de plaire s'il veut connaître le succès, et c'est là quelque chose de très difficile, car en principe, la poésie s'adresse à l'individu plutôt qu'à la masse, et qu'est-ce que le succès, sinon, un phénomène social ?
Ainsi, la poésie pure aura toujours des difficultés pour s'exprimer publiquement. Cependant, je pense qu'elle supporterait sûrement l'accompagnement d'une guitare et que cette guitare suffirait peut être à assurer un succès social. Il faudrait donc qu'il accompagne ses propres intonations par des « crescendos » et des «allégrettos » ou bien que son accompagnateur comprenne bien la poésie et soit prêt à écouter les remarques pertinentes du poète inspiré.
On pourrait également terminer cette mise en scène par un jeu de projecteurs et surtout par un jeu d'ombres et des lumières, c'est ce que Victor Hugo aurait appelé : « Les rayons et les ombres ».
Il faudrait une nuit noire et un projecteur blanc pour « Le lac » de Lamartine, une lumière bleue noire pour « Oceano nox » de Hugo et rouge pour «Le sang versé » de Federico Garcia Lorca.
Fais dès aujourd'hui ce que tu voulais faire demain. Ce que tu as fait aujourd'hui est à jamais fait pour l'éternité, tandis que l'éternité te sépare de ce que tu veux faire demain.
S'il est des fautes qu'on ne pardonne pas, ce sont bien les fautes de goût. Elles ont quelque chose d'irrémédiable et de définitif comme la sentence de mort du condamné. Car c'est dans ses goûts autant que dans les autres choses que l'homme se révèle, et les attitudes et les comportements qui montrent un manque total de goût et de sensibilité sont impardonnables, car elles sont la manifestation de l'âme même. Autrement dit, que l'individu qui commet telle faute de goût, n'a pas de goût du tout et ne paraît aussi méprisable que tel autre qui a pourtant montré par certains gestes des bêtises irréparables. Je ne veux pas parler du goût en général car il est évident qu'on peut avoir un goût différent de celui de son voisin sans pour cela que ces goûts soient mauvais l'un plus que l'autre. Mais je veux plutôt parler de certaines fautes de goût.
Il faut que je trouve un amour avant la fin de mon œuvre, un amour qui serait l'aboutissement et le parachèvement de mon œuvre, un amour qui ferait toute la beauté et toute la force de mon œuvre, qui la dirigerait et lui donnerait un sens à suivre. Ce serait là une œuvre d'art complète, c'est à dire qu'elle aurait une résonance pratique dans la vie de tous les jours. Par un phénomène de démultiplication, de dilatation ou de phagocytage, j'avais réussi le tour de force de créer un autre moi-même qui viendrait remplacer le premier, un peu comme le pélican de Musset qui se suicide pour offrir son cœur et son corps et sauver ainsi ses enfants auquel il a de donné la vie.
N'est-ce donc pas là véritable œuvre d'art, celle qui, partie dans le désintéressement et dans la gratuité la plus totale, a un retentissement pratique et vient transformer votre propre vie et parfois même la vie des autres ?
«Pensez d'abord au royaume des cieux, et tout le reste viendra de surcroît ».
L'artiste sent en lui l'impression extraordinaire qu'il éprouve le besoin d'extérioriser et si possible d'exprimer.
Celui qui est banal et qui n'a pas d'expression extraordinaire n'éprouve pas ce besoin; quand bien même il l'éprouverait, cela n'aurait rien d'intéressant puisqu'il s'agirait d'une impression banale qu'on n'a pas les moyens d'exprimer. De même, on peut ne pas être banal sans pour autant éprouver des impressions extraordinaires. J'appelle impression extraordinaire une impression extrêmement forte et originale qui est presque un traumatisme. L'artiste est celui qui a en lui quelque chose d'extraordinaire qui mérite d'être exprimé .
Ce soir encore, je n'ai pas fait avec toi ce que j'aurais voulu faire, je n'ai pas pu te parler et t'embrasser, je n'ai pas pu, pourquoi ? Comment se fait-il qu'on ne puisse pas se comprendre tous les deux et que la vie nous sépare ainsi, pourtant tu aimes la poésie, Dieu sait combien ...
L'homme attend tout de l'amour, et plus il lui manque de choses, plus il en attend. Il voudrait devenir un autre par l'amour car il y a en lui une nostalgie de la transformation, un goût d'absolu et d'idéal, un désir de renier la laideur et l'imperfection qu'il peut voir à l'intérieur de lui-même et une aspiration à la beauté et à la perfection qu'il peut observer chez les autres.
Poème
La fille au pantalon
Je n'ai pas encore vu habit plus impérial
Que ce pantalon de velours jaune
Bien rempli
Par les longues et mignonnes jambes d'une fille !
Jamais habit ne me fit une telle impression !
Que ce soit les grandes robes blanches des impératrices
Cachant le bas du corps,
Ou que ce soit les robes plus ou moins courtes
Des femmes d'aujourd'hui
Ou encore, les robes du soir transparentes, légères,
Volantes et vaporeuses comme de la soie
Transparentes et douces
Effleurant, épousant, caressant les seins d'une beauté
Jamais, jamais vu plus charmant vêtement !
Vêtement aussi suggestif
Que ce velours doux qui ne laisse pas passer la lumière
Mais qui moule les femmes et qui donne
Même en cachant l'essentiel
Une idée exacte de la beauté du corps.
Alliance curieuse et fascinante
Etrange et envoûtante
Alliance audacieuse et violemment érotique
Que ce vêtement d'homme sur les douces jambes d'une fille !
Comme il me plaisait de te voir
Toi, si élancée et si grande pour une fille
Et cependant si menue pour un homme
Toi qui me donnais une impression de finesse et de grandeur
Par ta seule élégance
Bien que ton front baisât ma bouche...
Qu'il me plaisait de voir émerger
Des jambes aussi mignonnes
D'une taille aussi fluette
Qu'il était gentil ce blouson qui laissait s'évader
Tes hanches et tes jambes
Sous ce long pantalon de velours jaune !
Mais je t'aime, Sylvia, ô mon amour, toi et ton élégance
Il faudrait être idiot
Pour ne pas voir dans ce pantalon
Si galamment porté
Tout l'extraordinaire de ton âme
Que j'aime à la folie...
J'ai déjà mesuré ta valeur,
Ton intelligence, ta beauté,
Et ton degré de distinction
A la façon dont tu t'habilles.
Tu étais si contente de porter ce pantalon
Que tu te regardais marcher
Que tu te regardais évoluer.
Tu te promenais dans les rues
Comme dans un café entouré de glaces
Qui dévoilent à tout le monde, et de tous côtés
Les formes et les faces les plus intimes du corps
Par un phénomène de transposition.
Tu te regardais de tous côtés devant ces glaces
Tu pressentais des yeux derrière toi de tous côtés
Qui te regardaient, te dévisageaient, te déshabillaient...
Mais la foule des gens vit dans un autre monde
Et personne n'a vu ton élégance.
Moi seul je vous ai compris et je vous ai regardés
Toi et ton pantalon que tu nous montrais bien
Par une petite pirouette
Et tes yeux qui regardaient les messieurs
Virent enfin quelqu'un pour les comprendre :
C'était vrai, il y avait bien dans ton dos
Un miroir qui te déshabillait
C'était moi, et, comme ton miroir
Tu me gratifias d'un sourire complice.
(M.T.)
Chose étrange en vérité que la poésie ! Pourquoi l'homme la déteste-t-il d'une part, et pourquoi se sent-il, d'autre part, fasciné par elle ? Quel plaisir a-t-on à lire systématiquement les œuvres d'un poète ? Aucun. On ne peut pas lire la poésie aussi facilement qu'on lit un roman policier, et c'est un tort que de lire plusieurs poésies successivement à toute vitesse.
Mais, selon le moment, on s'attache ou on découvre telle ou telle poésie dont l'état d'âme coïncide avec le notre. Ainsi, quand on a la chance de tomber sur la poésie qu'on cherche inconsciemment, et seulement dans ce cas, on l'apprécie.
J'ose prétendre vouloir essayer d'être un poète, et pourtant, je ne prise que fort peu la poésie des autres, et le drame intérieur du poète, c'est la solitude, solitude définitive que seuls d'autres solitaires peuvent comprendre sans même l'approuver pour autant.
La poésie fait appel à la solitude de chacun, et, en ce sens, il lui est difficile d'être populaire. Elle ne distrait pas les gens, au contraire, elle les met face à leurs problèmes et ne peut soulager que dans le sens où elle exprime ce que tout un chacun peut ressentir.
Aujourd'hui, je me suis promené seul dans les rues et je pouvais entendre de la musique grâce à tous les hauts parleurs qui avaient été installés ça et là, en vue de la fête. On éprouve une agréable impression de liberté lorsqu'on entend cette musique dans les rues. On se sent chez soi, on marche même au rythme de la musique, on éprouve une irrésistible envie de danser. On peut voir les jeunes s'ébattre et s'éveiller.
Mais moi je circule au milieu de tout cela, incompris, et ne comprenant pas les autres. Quelle joie peut-on ressentir ainsi à marcher pendant des heures sous la pluie; le malaise physique dû à la pluie ne suffit donc pas à transformer ce plaisir en douleur ? Quelle joie peut-on trouver à jeter des confettis sur une personne qu'on ne connait pas et avec laquelle on est sûr de ne pas avoir affaire ? Certes, il n'y a pas seulement le plaisir qui compte dans la vie. Alors, serait-ce un surplus d'amour que l'on veut reporter sur quelqu'un ? Peut-être, mais moi je ne peux pas faire tout cela... je me sens étranger dans ce carnaval de Nice.
Parler, parler beaucoup avec volubilité, dire n'importe quoi, se sentir soi-même, se sentir libre et éloquent, voilà quelque chose de si simple en apparence, et pourtant, là encore, je ne peux pas...
Comment pouvoir conquérir une belle fille dans ces conditions , Peut-on se changer aussi facilement ? Jusqu'ici, je le croyais, mais avec les défaites, cela m'apparaît de plus en plus difficile, voire même impossible.
Ah ! Quel drame que de se sentir ainsi frustré et de faire une sorte de complexe d'expression.
En plus du complexe de rédemption et du complexe d'expression dont je parlais à l'instant, et qui sont tous deux sûrement des dérivés du complexe de persécution, je voudrais parler d'un autre complexe, celui-ci sûrement dérivé du complexe de culpabilité, qui serait le complexe de différenciation, si je puis dire, qui, consisterait en quelque sorte à se sentir coupable de ne pas être comme les autres.
Parfois, il m'arrive d'avoir un embryon d'idées qui, si je n'ai pas le temps de l'exprimer, se fait littéralement court-circuiter par un autre embryon d'idées au même instant, de sorte que je vois disparaître deux idées à la fois.
Parfois deux idées se court-circuitent l'une l'autre et il ne reste plus rien.
Je ne peux pas cacher mes sentiments à quelqu'un que j'estime, et je pense que c'est mépriser quelqu'un que de faire le contraire.
Non ! La poésie n'est pas faite de fantaisie, elle est écrite avec le sang, avec le "sang d'Ignacio sur l'arène", pour citer Federico Garcia Lorca, avec ce sang offert dans le calice !
Le poète ne s'abonne pas à la poésie, il n'écrit pas pour le plaisir, bien que ça puisse dans certains cas le soulager. En fait, il souffre, il ressent, et son écriture est en rapport avec ses sensations, sa souffrance qui se manifestent par le verbe.
Le poète n'est pas non plus celui qui fait des vers...
Difficulté ou facilité de sortir de lui-même, de toute façon l'artiste transpose toujours.
La musique n'est jamais pour moi qu'une sur impression, c'est-à-dire quelque chose qui s'ajoute à quelque chose d'autre, un supplément gratuit aussi inutile que beau, qui ne peut pas être quelque chose par elle-même, mais seulement par ce qu'elle représente autant pour le créateur que pour l'auditeur. La musique accompagne l'amour ou le souvenir, la tristesse la joie ou le destin, mais elle n'est pas l'amour pas plus que le destin. La littérature, au contraire, est moins éthérée, et elle est plus réelle. Elle n'accompagne pas quelque chose, elle est en elle-même ce quelque chose ; elle se suffit à elle-même, s'exprimant clairement pleinement et suffisamment.
Je ne peux pas voir une œuvre de beauté sans éprouver l'envie irrésistible, quoique vaine le plus souvent, d'en faire autant. Et c'est sûrement, face à ce phénomène que j'attribue la vocation littéraire. Quoi ! On ne s'est pas arrêté de me dire dans mon enfance : « Mon Dieu, que ceci est beau » laissant entendre par là que l'auteur en question avait atteint la perfection, une perfection intouchable et qu'il était vain et sot de se comparer à lui. Eh bien! Non , moi aussi je compte, moi aussi, je suis capable de créer, je me refuse à m'humilier devant cet auteur ou ce génie que tout le monde considère comme un Dieu et que moi, je veux considérer comme un homme, un homme simple, semblable à moi, et qu'il est après tout pas plus extraordinaire que moi. Si je ne l'approche pas encore, du moins je veux et je peux me perfectionner et un jour peut être je l'égaliserai et le battrai même, qui sait ? Comme disait l'autre : «Et moi aussi, je suis poète ! »
Je crois qu'on ne peut pas arriver à rien, je crois qu'on n'arrive à rien sans ce goût orgueilleux de l'imitation et de l'émulation qui encourage stimule et soutient l'homme dans son combat pour la vie.
On ne fait rien sans ambitions, et je finirai par croire qu'il n'y a que les gens inférieurs qui soient incapables d'ambition.
Curieux le théâtre de Brecht ! On a l'impression que les personnages se regardent vivre et acceptent cyniquement leur sort. Un cynisme moliéresque qui tourne au comique ! Les personnages semblent s'être étudiés eux-mêmes et se connaître à fond. Il semblent se dire en eux-mêmes : « Nous aurions bien voulu faire comme ceci au lieu de faire comme cela mais voyez, nous ne pouvons pas, nous ne sommes pas libres, alors, nous avons fini par nous accepter nous-mêmes tels que nous étions ; nous ne luttons plus contre nous-mêmes, nous nous sommes résignés, nous nous livrons en aveugles au destin qui nous entraîne», mais sans rage, ni d'actions, car la révolte est stupide. Nous avons pris le parti de nous regarder faire avec amour et compassion et même avec amusement, de la même manière que Narcisse se regardant dans l'eau de la fontaine. Mais faut-il se précipiter dans cette fontaine ? Sûrement pas, on accepte en général la vie tant bien que mal, comme le spectateur lui-même décide d'assister passivement au spectacle jusqu'à sa fin, quand bien même ce spectacle n'en vaut pas la peine, sûrement par conformisme d'ailleurs »...
Le cheval qui creuse un sillon bien droit, ne doit pas tourner la tête à gauche ou à droite, il ne doit pas non plus regarder s'il pleut ou s'il y a des taons qui s'apprêtent à le piquer, ni penser si ce qu'il fait est bien ou s'il a raison de le faire, il doit au contraire se concentrer sur son sillon et écouter la voix de son maître qui le commande et le dirige et donc pour bien faire il accepte de porter provisoirement des œillères.
Ainsi, le créateur doit repousser les mauvaises influences qui l'empêchent de tracer son sillon.
Oui, c'est vrai...
Oui, c'est vrai, je peux désormais me passer de toi
Toi qui fus mon amour
Et toi qui restes encore mon amour
Mais je veux toujours croire à l'accident éphémère
Qui pourrait peut-être arriver
Et nous ferait nous rencontrer à nouveau
Pour venir rompre la paisible solitude
Et divertir la route droite et solitaire.
(Michel Teston)
La plus grande chose qu'on puisse apporter à autrui, ce n'est pas tellement l'amour, qui n'existe le plus souvent que dans la pensée, et qui, de toute façon, ne peut s'adresser qu'à un nombre très limité de personnes , mais tout simplement la joie. La joie est la plus belle chose du monde, la plus belle chose que l'on puisse souhaiter. Et le pouvoir de faire rire et de distraire, n'est-il pas le moyen le plus radical pour apporter la joie ? C'est pourquoi les œuvres d'art qui font rire, c'est à dire les comédies, soit théâtrales, soit cinématographiques, sont les moyens les plus puissants de ceux que la religion chrétienne pourrait appeler la charité. Car, en ce monde, chacun suit son propre destin, seuls, ne pouvant même pas se faire aider par les autres. La seule chose que peuvent justement apporter les autres, c'est le divertissement et la joie. Pourquoi donc, si cela n'était pas important, les gens qui meurent de faim feraient-ils des fêtes au cours desquelles ils essaient de se réjouir ? Pourquoi l'homme préférerait-il sa passion qui le mène à la mort plutôt que de vivre sans passion et comme privé d'opium ? Puisqu'il est seul irrémédiablement seul, les autres ne sont pas dans sa peau, les autres ne le comprennent pas et les jugent à leur aune. La seule aide véritable qu'on puisse apporter aux autres, c'est l'oubli de leurs problèmes, c'est le divertissement et la joie.
C'est pourquoi la comédie, si banale qu'elle puisse nous apparaître est d'autrement plus grande et plus belle que la tragédie, du moins en général. Dans la tragédie, l'homme ne sort pas de son problème, ne sort pas de lui-même. Au contraire, la comédie est une victoire de l'homme qui fait face au cours du destin, du rire cynique de la révolte, qui vit de ses propres malheurs plutôt que de se lamenter, plutôt que de se tuer. Tandis que le tragique se limite à l'individu, le comique est un tragique agrandi à l'échelle du monde. C'est pourquoi Molière nous touche plus que Racine, il est finalement plus tragique que Racine, car il est plus ouvert, plus social et plus beau. Il ne traite pas du malheur de l'individu, mais du malheur de l'humanité toute entière, il est celui qui a le mieux connu et le mieux compris les hommes, et c'est lui, et lui seul, qui nous fait pleurer si on veut bien approfondir ses comédies, on ne rit pas de voir l'humanité telle qu'elle est, car il est relativement facile de corriger un individu, il est bien plus difficile de corriger le monde, inversement, on a plutôt envie de rire de l'invraisemblable qu'on trouve dans la tragédie lorsque on l'approfondit, car souvent la tragédie ne correspond pas à la nature vu que la vie est plus une comédie qu'une tragédie, me semble-t-il.
Tout travail est une contrainte. L'individu ne réussit que dans la mesure où il se dégage de cette contrainte. L'artiste plus que tout autre ressent cette contrainte du travail et il s'adonne directement et tout de suite à sa liberté : c'est pourquoi il n'y a pas de milieu chez l'artiste : ou il échoue tout à fait et fait les travaux les plus humbles ou il réussit pleinement et il ne travaille finalement pas du tout.
3 avril 1966.
Ce soir, j'ai l'extraordinaire impression d'avoir découvert quelque chose, d'être arrivé à une fin et de recommencer quelque chose de nouveau. J'ai l'impression, grâce surtout à cette œuvre poétique, d'avoir exploré tous les recoins de la personnalité et d'être arrivé à une connaissance parfaite de moi-même, ce qui a pour conséquence de me libérer et de me rendre étonnamment heureux.
Ainsi la poésie que nous trouvons si belle, et si détachée, peut belle et bien devenir une auto-psychanalyse, une véritable névrose de transfert par laquelle on apprend à se connaître et à se guérir.
La psychanalyse est sûrement la plus grande aventure scientifique de notre temps, et il aurait été fâcheux pour moi de ne pas y avoir participé. Il y a encore beaucoup de choses à découvrir dans ce domaine, et c'est par la connaissance de l'âme et non pas par celle du corps que l'homme deviendra quasiment semblable à Dieu.
Une explosion retentissante vient de se produire en moi. Elle concerne la liberté et la joie. Elle montre bien que la lutte que j'ai menée pendant quelques mois et qui coïncide avec l'élaboration de la présente œuvre, n'a pas été vaine et s'est avérée être une réussite exceptionnelle. Mon œuvre est donc on ne peut plus noble puisqu'elle a joint l'utile à l'agréable. Elle a peut être ouvert la voie à un nouveau genre de création. Désormais, l'art ne sera pas désintéressé selon la formule de l'art pour l'art, ni l'expression du dégoût ou de l'incertitude comme l'art actuel, l'homme désormais aura un but, la vie désormais aura un sens, il apprendra à se connaître et à détecter sa maladie psychologique qui lui fait trouver la vie absurde. Il s'apercevra qu'il n'est pas en bonne santé, puisqu'il n'est pas heureux, mais malade et que son premier devoir, c'est de se guérir et de trouver le bonheur. Il s'apercevra aussi que ces grands esprits, ces grands philosophes qui l'influencent et qu'il avait l'habitude d'écouter, sont eux aussi des malades qui cherchent à se guérir et il apprendra à s'en méfier car les œuvres de ces philosophes ne sont vraiment curatives que pour leurs propres auteurs. Le but de l’œuvre, c'est donc d'abord, de se guérir soi-même et accessoirement, inévitablement, d'aider les autres à se guérir eux-mêmes également, mais non pas, comme c'est malheureusement le cas le plus souvent, à leur communiquer leur propre mal au point de les rendre à leur tour malades.
Pour moi donc, je suis heureux maintenant puisque je viens de me guérir, et si je le dis, c'est en connaissance de cause, car j'ai longtemps philosophé et j'ai longtemps trouvé la vie sotte au point que, comme les romantiques qu'autrefois je qualifiais déjà de malades, j'ai connu la tentation du suicide. Même si tout ne sera jamais complètement rose, j'ai la certitude aujourd'hui de pouvoir dire que c'est la santé que nous devons d'abord rechercher, et que nous sommes heureux que dans la mesure où nous sommes en bonne santé, le paradis étant naturellement la santé ...(coupure) (à suivre).
Je vous recommande de lire mon roman ardéchois: Le vent dans les cyprès":
http://teston.centerblog.net/rub-le-vent-dans-les-cypre
ou : "Les templiers" en entier, ou encore :"Zarathoustra 68" en entier: voir colonne noire de droite de mon blog.
Un lien pour écouter quelques-unes de mes reprises :
www.google.fr/#q=cover+teston&*&spf=1
Une de mes chansons en patois ardéchois :"Reveyre soun poï".
Coucou MichelBonne semaine à toi Gros bisous
http://patricia93.centerblog.net
Merci Patricia. Bonne semaine à toi aussi. Bisous.Merci de même a vousBonjour bonne semaine à toutes et à tousAprès un Noël un peu tristounet je souhaite une bonne et heureuse année à tous mes lecteurs et merci pour les "j'aime". Très amicalement.
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