Bretagne Poème Teston Michel écrivain

                                         © teston                                                 

J'ai écrit ce poème lors d'un voyage en Bretagne.

Bretagne

La mer arrive en bas au pied de la falaise

Et, mugissante, elle s'étend longuement

Sur un tapis de sable humide.

La mouette et le cormoran

Plongent du haut du sapin devant ma fenêtre

Jusqu'à la mer, au bas de la falaise

D'un côté, Douarnenez et la Pointe du Raz

De l'autre, la presqu'île de Brest courant à l'horizon.

Et au milieu, la mer immense

Et au milieu, l'immense océan apportant sa rumeur

Parmi les cris d'oiseaux marins.

Ce soir les nuages, là-bas, semblent prolonger la terre

On se croirait au bord d'un lac,

Ce soir, les derniers rayons de soleil

Rougeoient à l'occident

Pour essayer de réchauffer ma celtique mélancolie,

Car, sinon, tout est gris, car, sinon, tout est terne...

Et dire que cet océan un jour nous engloutira

Et dire que cet océan, un jour, nous a engloutis !

Marins, qui partez sur vos bateaux

Savez-vous si vous reviendrez ?

Et jusqu'où irez-vous ?

L'océan a-t-il une fin ?

A chaque vague, c'est une vie qui meurt

A chaque vague, c'est une vie qui naît

A chaque vague, c'est une vie qui renaît

Et à chaque vague, c'est une vie qui meurt à nouveau...

Eternité de la Création...

Quel âge as-tu, vieil océan ?

Pourtant, je te trouve souillé

Pourtant, je te trouve vieilli

Et je n'éprouve plus ce frisson en te voyant !

Peut-être ai-je moi-même fait mon temps,

Mais qu'est-ce que la masse informe de l'océan

A côté de l'esprit prompt qui se meut

Et qui perdure

Au-delà de la première vague sur la terre ?

Océan, tu recommences sans cesse tes mêmes gestes

Et tu m'ennuies, et tu m'ennuies !

Le bateau qui s'en va plein d'espoir

Se traîne sur ta surface

Et n'est rien d'autre qu'une épingle

Dans une meule de foin,

Et, quoiqu'il fasse, il ne mesure jamais

Ni ta surface, ni ta profondeur...

C'est pourquoi tu m'ennuies, océan,

De même qu tu m'ennuies, toi, la vie.

Et pourtant, si j'aimais la vie

Je resterais ici en Bretagne

Près de mon arbre et près de mon océan...

Oui, si j'aimais la vie, si j'aimais la vie...

Car Dieu n'a pas cru bon de me donner ici

Une vahiné pour compagne

Au sein d'un peuple empli de véritable joie.

 © Michel Teston

Poème extrait du livre: "Les Frustrations" (Michel Teston ISBN 2-9501967-5-6)

Ci-dessous mon enregistrement de : © "Bretagne".