France, mère des arts Du Bellay, Teston

                                                          Joachim du Bellay  (1522-1560)

Aujourd'hui on se demande ce que le mot France veut dire car nous vivons une époque qui est sans doute à la veille de l'Age d'or, c'est-à-dire une époque où, comme l'a dit saint Jean dans l'Apocalypse, le temps des nations sera fini. Les pays sont et seront tellement métissés qu'il n'y aura plus de nations, plus de races mais une seule, les gens auront tous un teint d'or, et une seule nation. Nous ne serons plus que de simples terriens sans doute, en contact avec les extraterrestres...

C'est juste par amour de l'histoire et du passé, ou encore de sa généalogie, qu'on pourra s'intéresser encore à la France.

Mais il n'en était pas ainsi autrefois, notamment au temps de cet extraordinaire et génialement moderne poète : Joachim du Bellay. En effet, en ce temps-là, la France était encore un jeune pays qui était en train d'achever son unité linguistique entre la France du Nord, où on parlait la langue d'oïl, et la France du Sud, où on parlait la langue d'oc. Et ce n'est pas par hasard si du Bellay et son ami Ronsard hantaient les magnifiques châteaux de la Loire qui étaient à la limite des deux illustres cultures.

Nous admirons dans le poème ci-dessous: "France, mère des arts..." ce lyrisme totalement romantique et moderne d'un poète plein de Regrets,  chantant les Antiquités de Rome et l'amour de son pays, la France... Bonne lecture et merci au grand poète.

France, mère des arts...

France, mère des arts, des armes et des lois

Tu m'as nourri longtemps du lait de ta mamelle

Ores, comme un agneau que sa nourrice appelle

Je remplis de ton nom les antres et les bois .

Si tu m'as pour enfant avoué quelquefois

Que ne me réponds-tu maintenant, ô cruelle ?

France, France, réponds à ma triste querelle

Mais nul, sinon Echo, ne répond à ma voix .

Entre les loups cruels j'erre parmi la plaine

Je sens venir l'hiver, de qui la froide haleine

D'une tremblante horreur fait hérisser ma peau .

Las! Tes autres agneaux n'ont faute de pâture

Ils ne craignent le loup, le vent, ni la froidure

Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau ?

Joachim du Bellay   (Regrets IX)