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comment je vais, patricia? tout doucement, je vieillis (80) et je deviens gâteux petit à petit, au point de ne
Par Michel, le 23.11.2024
comment vas-tu michel ? http://patrici a93.centerblog .net
Par patricia93, le 20.11.2024
merci, petite soeur! j'ai quatre-vingts ans cette année, tu vois comme le temps passe! on se fait traiter de p
Par michel, le 14.11.2024
bonjour petit frangin d,une autre vie , j,espère que ce message te trouvera en meilleur santé et que cela
Par +veronique+, le 31.10.2024
merci beaucoup, petite soeur véro. je ne vais pas très bien je vais peut-être entrer dans une maison de retrai
Par teston tramontane, le 29.10.2024
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Date de création : 27.01.2012
Dernière mise à jour :
26.07.2024
379 articles
L'arrivée
A 160 kilomètres-heure sur l'autoroute, Jean Béraud fonçait en douceur au volant de sa Mercedes blanche dernier cri. Un vent puissant plaquait ses essuie-glaces contre son pare-brise. Par moments, en dépit de la lourdeur de sa voiture, il avait l'impression d'être déporté. D'un geste, il éteignit sa cigarette et ralluma la radio... « Demain, le Mistral et la Tramontane souffleront encore par rafales dans le Midi et la Vallée du Rhône... » Il allait si vite et il était si peu habitué à quitter l'auto- route à cet -endroit-là, qu'il rata la bifurcation de Loriol : il serait donc obligé de passer par Montélimar... mais après tout ça n'avait guère d'importance... quelques minutes de plus, peut-être ? En traversant le pont sur le Rhône il sentit monter son angoisse... Non, non, il ne venait pas ici pour « vivre heureux en Ardèche », bien au contraire : il venait d'apprendre que son père était mort, et même enterré car, étant en déplacement pour des raisons professionnelles, il n'avait pas été prévenu à temps... Il arrêta sa voiture au premier emplacement venu pour se dégourdir un peu les jambes... Il était justement devant un petit cimetière situé à deux cents mètres d'un village comme on en voit tant dans ce pays... Le vent sifflait dans les cyprès ... c'était fascinant... Il sentit à nouveau monter en lui l'idée insupportable de la mort... « Drôle de pays, pensait-il, à Paris, à moins de les chercher, on ne voit jamais les cimetières, ni les cyprès, ni ce vent dans les cyprès... On ne voit pas les gens mourir, mais ici, dans ces traces de village, on voit les cimetières à perte de vue, et des croix de partout : à chaque carrefour, une croix de bois ou de pierre... C'est la mort partout, la mort toujours recommencée, comme aurait dit l'autre... avec cette impression de temps qui s'arrête, sitôt quitté l'autoroute... » Il reprit sa voiture... Dans une heure il arriverait à Castelmaure, son pays natal qu'il avait volontairement quitté et depuis si longtemps ; il ne se rappelait plus... quinze ans, peut-être... que c'était loin, tout ça ! Le soir tombait ; les pneus crissaient dans les virages et le décor changeait en permanence. Il lui semblait qu'il revivait une autre vie dans un autre lieu. Il était d'ores et déjà dans une quatrième dimension. Le temps passé remontait à la surface... Enfin il arriva dans le village qui fut jadis le sien. Oui, c'était bien le clocher de son enfance qu'il revoyait, et pourtant ce n'était plus le même : il semblait plus petit...
Etait-ce de la tristesse ou de la joie qu'il ressentait vaguement ? Des larmes lui montaient aux yeux. Il mit ses lunettes noires en descendant de voiture... Il y avait dans ce village, dans ce paysage, quelque chose d'indicible. Castelmaure n'était « Ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre »... Ce qui l'étonnait, c'était les bruits ou même l'absence de bruits, car le village était très silencieux comparé aux grandes villes. Peut-être d'ailleurs que ces bruits n'étaient plus les mêmes : on n'entendait plus ces coups de marteau sur une enclume, ni les roues d'une charrette sur les routes pierreuses... Tout était goudronné aujourd'hui, évidemment. Les cris de joie enfantine qui avaient bercé ses premières années n'avaient plus la même résonnance ; ils étaient d'ailleurs quasiment inexistants... Les voitures, par contre, envahissaient toutes les rues, même les plus petites. Mais ce qui l'étonnait le plus, c'était un je ne sais quoi de changé dans l'atmosphère elle-même ; un charme avait été brisé ; peut-être quelque chose de frais et d'ouaté qui n'existait plus... Le clocher ne sonnait plus comme avant : plus rien d'angélique ni de cristallin... Bref ! le temps était passé par-là ; la mort aussi : elle avait fait son œuvre... Quant à lui, Jean, il n'était plus le même non plus. Il n'avait pas vraiment vieilli car il était encore jeune et portait bien ses trente ans, mais ses traits s'étaient quelque peu durcis. C'était un homme maintenant, qu'il le veuille ou non, qu'il fût condamné ou non à l'immaturité éternelle... Il descendait la Grande-Rue, sa mallette à la main. Il avait laissé ses valises dans la voiture, sur la place. Des quidams le croisaient ou vaquaient à leurs occupations : tous des inconnus... Il se sentait dans une autre dimension... La mort avait fait son œuvre, pensait-il... A nouveau des larmes l'envahissaient... Ils ont quitté la vieille maison du hameau, se disait-il, maintenant ils habitent au village, au 13 de la Grande-Rue... C'est bien ici. Il se mit à monter les escaliers de la maison. Il avait le trac. Il passa la main dans ses cheveux et frappa à la porte.
- Entrez!
Une vieille femme vint lui ouvrir et l'embrassa convulsivement : c'était sa grand-mère paternelle.
- C'est moi, Jean, tu me reconnais pas ? Bonjour mamet. La vieille ne disait rien. Elle le regardait longuement, n'en croyant pas ses yeux.
- C'est bien toi ! mon Dieu ce que tu as changé! Ils éprouvaient tous deux une grande gêne : quinze ans d'absence, c'est long. Ils se sentaient presque étrangers l'un pour l'autre...
- Enfin, te voilà ! j'étais sûre que tu reviendrais un jour !
- Il est déjà enterré ?
- Oui, mon Dieu, dit-elle en sanglotant : tout s'est passé si vite ! Il y a trois jours, il discutait encore avec nous. Et maintenant... Je ne peux pas me faire à cette idée.
- Il y avait du monde à l'enterrement ? Ils sont tous repartis ? C'est tout ce qui reste de la famille ?
- Ils m'ont demandé si j'avais besoin de quelque chose, et ils sont repartis... Qu'est-ce que tu veux, ils ont leur travail eux aussi...
- Ouais ! tout de même... ils sont bien pressés.
Jean ne put retenir ses larmes en voyant la photo de son père sur le buffet et en reconnaissant sa montre pendue au mur. Lui non plus il ne pouvait pas se faire à cette idée. Il lui semblait que son père allait soudain ouvrir la porte et se mettre à l'engueuler en le voyant :
- Ah ! te voilà, toi ! qu'est-ce que tu fiches ici chez moi ? Fous le camp ! je ne veux pas te voir ! Ou bien :
- C'est maintenant que tu rappliques ? Après quinze ans ? Tu peux retourner d'où tu viens !
Ce serait à coup sûr une phrase de ce genre. Lui, Jean, il accuserait le coup ; il s'excuserait comme il pourrait ; il ferait semblant de partir, peut-être, mais il reviendrait aussitôt, grâce à l'intermédiaire de la mamet, et, dans le fond, son père ne demanderait pas mieux. Au fait, pourquoi était-il parti ? Il aurait mieux fait de rester. S'il avait su, en partant, qu'il ne reverrait jamais plus son père... C'est donc ça, la mort ? Ce n'est pas plus compliqué que ça ? Et pourtant, c'est irrémédiable : ce qui a vécu a vécu. Il n'y a pas de résurrection... Du moins, c'est ce que pensait Jean...
- Pourquoi n'es-tu pas venu plus tôt ?
- J'ai été prévenu trop tard... C'est loin, Paris, et cette maudite grève des Postes... Et puis, je suis célibataire, tu sais bien ; mon métier, tout ça... je ne suis pas tout le temps chez moi.
- Et pourquoi est-ce que tu n'es pas venu pendant tout ce temps ? Y'aura quinze ans le 15 septembre...
- Beh ! tu sais bien que je m'étais fâché avec lui... et puis de toutes façons vous ne pouvez pas comprendre... La mentalité est tellement différente, ici, à la campagne... Paris, c'est tout pour moi, tu comprends ?
- Ton pauvre père, il a eu le temps de s'en faire du souci !
- Oui, je sais, je regrette... mais quoi, il avait bien sa part de torts, lui aussi !
A nouveau l'émotion paralysa Jean... C'est vrai, il aurait bien pu venir, quand même, en quinze ans... On ne peut pas deviner...
- Je crois que je vais aller me coucher. Je suis fatigué. Je peux me coucher ici ?
- Oui bien sûr, je t'attendais ; il y a un lit de prêt. Je vais te montrer...
- Nous reparlerons de tout ça demain. D'ailleurs je vais rester quelques jours...
- Et est-ce que tu as mangé, au moins ?
- Oui, ne t'inquiète pas, mamet ; je n'ai pas faim ; je suis simplement fatigué, et puis... papa... tout ça, j'ai besoin d'être seul.
La mamet lui fit voir sa chambre, entretenue et préparée avec tant d'amour... On l'attendait... Depuis quinze ans sans doute, on l'attendait.
- Bonsoir, mamet, dit-il, en l'embrassant.
La petite vieille retint un sanglot, et il referma la porte. Machinalement il ouvrit sa mallette, mit son pyjama, se brossa les dents, remonta sa montre...
- Ainsi, se disait-il en lui-même, la boucle est bouclée. Mon père a fait son temps, et moi, j'ai trente berges bien sonnées. Ma destinée en prend un sacré coup. Tu te rends compte ? Rien ne sera plus comme avant !
- De toute façon, la vie est un perpétuel changement ; rien n'est jamais pareil...
- D'accord ; n'empêche que maintenant, c'est bel et bien à mon tour de crever... Ma mère, morte à ma naissance ; mon père, aujourd'hui ; mes grands-parents depuis très longtemps. Reste que la mamet. Si seulement j'avais des frères et sœurs... mais c'est le trou noir. Que vais-je faire ?
- Mais rien ! qu'est-ce que tu veux faire ? Tu restes quelques jours ici et tu retournes à Paris, comme avant, comme si de rien n'était !
- Hé oui ! qu'est-ce qu'il faut faire ? Demain j'irai faire un tour au cimetière... Il n'arrivait pas à dormir.
- Tu te rappelles quand c'était le 14 juillet, qu'il te prenait par la main et qu'il te menait tout près du feu d'artifice ; toi qui en avais si peur...
- Il avait tort ; il n'aurait jamais dû mener un gosse de quatre ou cinq ans près de ces bombes qui explosaient ou de ces fusées qui partaient. Un accident est si vite arrivé... C'était même dangereux tellement vous étiez près...
- Tu permets ? Je connais mon père, quand même ! il le faisait exprès pour me donner du courage... C'est l'histoire de Jean Bart que son père avait attaché à un mât pendant une tempête... Avoue qu'aujourd'hui je n'ai peur de rien : ni de me promener seul la nuit en pleine campagne sous la lune, au milieu des genêts, ni d'aller dans les rues de Pigalle ou d'ailleurs, seul, à quatre heures du matin... Tant et si bien qu'un de ces jours il va m'arriver des bricoles... Eh bien ! ce courage, je le dois à mon père, et un tas d'autres choses encore !
- Et quand il te portait sur sa moto et que tu t'accrochais à son ceinturon, tu t'en rappelles ?
- Oui, mais tout ça c'est du passé, mec, du domaine de la mort. C'est l'avenir qu'il faut regarder ; le présent, à la rigueur...
- Tu vieillis, mec,tu vieillis !
C'est très émouvant, Michel, tu sais trouver les mots!
Dieu te bénisse
http://laportetroite.centerblog.net
Merci de ta visite, Judith, oui, le roman est un mélange d'imagination et d'expériences vécues, surtout dans l'enfance. Bon courage pour ton blog que je consulte souvent. Très amicalement.
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