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comment je vais, patricia? tout doucement, je vieillis (80) et je deviens gâteux petit à petit, au point de ne
Par Michel, le 23.11.2024
comment vas-tu michel ? http://patrici a93.centerblog .net
Par patricia93, le 20.11.2024
merci, petite soeur! j'ai quatre-vingts ans cette année, tu vois comme le temps passe! on se fait traiter de p
Par michel, le 14.11.2024
bonjour petit frangin d,une autre vie , j,espère que ce message te trouvera en meilleur santé et que cela
Par +veronique+, le 31.10.2024
merci beaucoup, petite soeur véro. je ne vais pas très bien je vais peut-être entrer dans une maison de retrai
Par teston tramontane, le 29.10.2024
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Date de création : 27.01.2012
Dernière mise à jour :
26.07.2024
379 articles
Première de couverture de "Zarathoustra 68, le révolutionnaire" (Michel Teston).
Suite et fin du livre, page 100 à 132.
(Pour lire à partir du début plus facilement, cliquer sur le lien à la fin de cette page, ou au fond à droite dans la colonne noire sur Zarathoustra 68 Michel Teston écrivain).
Voici donc la suite et la fin de mon petit livre atypique de politique-fiction.
Il reste encore quelques fautes de scanner que je corrige chaque fois que je me relis, mais c'est fastidieux de voir qu'un scanner vous rajoute des fautes par centaines, et les plus inattendues: des coquilles incroyables. Enfin, il est quand même lisible à présent.
Mes sept pages sont regroupées sous le même titre: "Zarathoustra 68, Michel Teston écrivain". Pour lire l'ouvrage, il faut commencer par la page la plus ancienne.
Je vous souhaite une bonne lecture.
Le révolutionnaire (Titre du chapitre)
Ainsi donc, c'est le 10 mai 1968 que commença véritablement l'émeute estudiantine dans toute son ampleur nationale, ce qui entraîna quelques semaines plus tard, les accords de Grenelle. C'est à cette époque que s'engagea la révolution universitaire.
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Une révolution digne de ce nom ne se fait pas du jour au lendemain, aussi les étudiants turent-ils amenés à de rapides décisions concernant les examens de l9année en cours. La forme elle-même des examens était âprement discutée. Zarathoustra proposa la réforme suivante qui ne fut pas retenue. S'adressant àune assemblée d'étudiants, voici ce qu'il leur dit alors:
"Camarades! (il était de bon ton à l'époque de s'affiibler de pareils épithètes ) je suis venu tout à l'heure à la réunion et j ai ete frappé par le climat qu 'il y régnait. Vous vous perdez en discussions inutiles et vous ne proposez rien, alors que vous savez très bien que c'est l'imagination qui fait avancer le monde. Ce n 'est pas dans un climat de démagogie, d'enthousiasme pur, j'allais dire d'hystérie collective, quSon créera quelque chose. Or, de quoi s 'agit-il? Il s 'agit de savoir Si cette année nous allons passer les examens et quels genres d'examens nous passerons éventuellement..."
( Je rappellerais, pour donner une idée, qu'il y avait pleins d'interrupteurs et de brouhaha dans les amphis et qu'il fallait
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avoir une certaine éloquence pour faire entendre sa voix, ce qui évidemment était le cas de Zarathoustra).
"... Camarades! vous êtes tous partisans de la révolution, et d'une société nouvelle, pour ne pas dire un ordre nouveau qui a une trop mauvaise connotation, mais ce n'est pas à vous qu'il faut que je dise qu'une révolution ne se fait pas du jour au lendemain, qu'une révolution ne se fait pas sans casse!
Dans l'immédiat il nous est impossible de savoir quelle sera la valeur véritable des examens nouveaux que nous allons proposer. Dans l'immédiat il nous est impossible de les replacer dans leur contexte sociologique. Je proposerais donc la solution suivante: nous passons les examens normalement sous leur forme traduionnelle et parallèlement nous passons des examens d'un type nouveau... Il faut quand même se mettre à la place des étudiants qui doivent quitter cette année l'université: ils ont besoin de leur laisser-passer s'ils veulent s immiscer dans la société bourgeoise, fût-ce pour pratiquer la tactique du cheval de Troie... Vouloir les empêcher de passer leurs examens, c 'est vouloir compromettre leur avenir, sinon lointain, du moins immédiat il est bien entendu qu'en regard
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de l'avenir, c'est-à-dire vis-à-vis de nous, seul compterait l'examen révolutionnaire, mais cette solution transitofre et ce compromis que je propose, permettraient de limiter la casse et de sauver les meubles.
Quant à l'examen d'un type nouveau, voki la solution que je proposerais. Les oraux ne se dérouleraient plus devant un ou deux examinateurs, mais devant tout un jury composé de profisseurs et d'étudiants. A l'issue de chaque épreuve, chaque membre du jury donnerait une note, et la note finale résulterait de la moyenne générale. Le jury comprendrait disons une dizaine de membres; les examens ne se feraient par écrit qu ½la demande expresse du candidat Ainsi disparaîtraient, je pense, nombre d'injustices dues au népotisme ou à l'humeur d'un seul examinateur.. Voilà, camarades, ce que j'avais àvous dire, c'est à vous maintenant d'apprécier 'S
Ainsi, corne on le voit, c'est par l'université qu'a commencé la grande révolution sociale qui devait s'épanouir pleinement sous la Sixième République. On peut dire aussi, je crois, que dès cette époque Zarathoustra avait déjà, même si ce n'était qu'à l'état embryonnaire, toute une conception philosophiquement
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nouvelle de la société. On a pu dire que cette révolution avait été, à l'origine, un conflit de générations. Il y a là une part de vrai, surtout lorsqu'on sait qu'elles flirent les idées hardies, et trop souvent hélas! contestables, de Zarathoustra sur le jeune pouvoir et aussi sur le patriarcat de l'époque.
Mais revenons un petit peu en arrière et reconsidérons tous les abus qu'il y avait à l'époque. En 1968, lors des premiers incidents qui opposèrent principalement les étudiants aux pouvoirs publics, il y avait déjà quelque deux cent mille chômeurs chez les jeunes. On sait quel danger présente pour un pays la menace du chômage, et on sait aussi à quel point le chômage et la guerre, extérieure ou civile, sont intimement liés. En effet, tous ces jeunes sans emploi constituaient une race particulièrement oisive et suffisamment savante pour ne pas s’abaisser à faire une trop basse besogne, laquelle, à l'époque, était réservée aux travailleurs étrangers, et notamment aux arabes d'Afrique du Nord, récemment décolonisés. L'oisiveté, dit-on, est la mère de tous les vices. Il est évident que si ces jeunes avaient trouvé du travail, ils auraient moins été amenés à se poser des questions. Il est évident aussi que s'il y avait eu encore une de ces sales guerres coloniales comme l'Indochine
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ou l'Algérie, où on aurait envoyé de force tous ces jeunes, comme leurs aînés, il n'y aurait pas eu de problèmes intérieurs, ou plus exactement ceux-ci auraient été noyés dans des problèmes encore plus graves. Mais la guerre est précisément une des conséquences de ce que Zarathoustra appelait le patriarcat, mais qu'on pourrait appeler également, en langage plus familier, le piston. Elle est aussi la pire des solutions, mieux, elle n'est pas du tout une solution, et on ne saurait honnêtement la souhaiter en quelque cas que ce fût. Pourtant, l'homme est misérable et comme l'a dit Camus, si on veut que les hommes s'aiment, il faut leur envoyer la peste. La misère de l'homme fait que c'est par la souffrance qu'il apprend le mieux, et c'est parfois au contact de celle-ci qu'il apprend à devenir meilleur.
Ainsi donc, on peut dire que ces jeunes, issues de familles bourgeoises pour la plupart, étaient en quelque sorte trop bien et ne souffraient pas assez. Inconsciemment, ils recherchaient et avaient besoin de la souffrance, ou plutôt de quelque aventure dangereuse. Mais l'événement qui changerait tout ne venait pas; comme l'aurait dit Lamartine, et non pas un célèbre journaliste de l'époque, la France s'ennuyait et il n'y avait même pas de
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travail. Par suite de leur non-emploi, les jeunes n'avaient aucun pouvoir dans une société dIrigée tout entière par les adultes qui, loin de faire place aux jeunes, gardaient ou même cumulaient jalousement des places qu'ils avaient eues sans diplômes, pendant que les jeunes chômaient avec leurs diplômes qui leur promettaient la lune. Souvent, les adultes réclamaient pour les jeunes ce qu'ils avaient été incapables d'obtenir cux-mêmea. Ces difficultés justifiaient le célèbre mot de Zarathoustra:
"Camarades! n'êtes-vous pas surpris comme mot lorsque vous constatez à quel point les débuts dans la vie sont dfficiles. N'êtes-vous pas surpris lorsque vous constatez, chez les fonctionnaires surtout, que c 'est celui qui est le plus vieux, celui qui travaille le moins, qui gagne le plus d'argent? N'êtes-vous pas indignés; outrés, oflusqués, lorsque vous voyez que l'argent manque aux uns et surabondent aux autres, dans une même société? Car je vous le demande, camarades, à quelle époque la vie vaut-elle le plus la peine d'être vécue: est-ce à vingt ans ou est-ce à soixante-dix ans? A quelle époque se trouve ou devrait se trouver le bonheur; est-ce à vingt ans, ou à
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soixante-dix ans? A quelle époque doit-on le plus profiter de la vie, est-ce à vingt ans ou à soixante-dix ans? Surtout quand on pense qu'on n'est jamais sûr d'arriver à cet âge-là?
Si on veut rendre le monde meilleur, si on veut essayer de faire le bonheur des hommes, il faut donc donner de plus grandes possibilités à la jeunesse. Il faut que la jeunesse gagne plus d'argent et il faut aussi une meilleure démocratie car, je le répète, c'est au niveau de la jeunesse que doit se forger le bonheur. Il faut aristocratiser les jeunes prolétaires afin de réduire les inégalités et les injustices et il faut que dès le berceau tout homme se trouve dans les meilleures conditions possibles... Je suis pour l'aristocratisation généralisée de la jeunesse!"
Entre parenthèses, moi, Jacques Duchmol, votre humble serviteur, je dirai au passage que soixante ans après les choses ont beaucoup changé. Il n'a jamais été dans l'idée de Zarathoustra de persécuter les vieux et de procéder à un quelconque eugénisme, comme j'ai pu l'entendre, ici ou là. Depuis cette époque, on a fait de l'enfant un roi, on est tombé dans le culte de la jeunesse, mais en ce temps-là, les choses
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étaient inversées. Bref je me garderai bien de commenter ces pensées célèbres, contestatrices autant que contestables. Je me contenterai simplement de rapprocher ce passage de cet autre, consigné dans ses célèbres Carnets quelque temps auparavant:
" Ce soir, samedi 17j uin 1967 je viens d'avoir la première idée d%tne révolution sociale qui consisteraà en l'aristocratisation des masses populaires. Le principe serait de f aire béneficier les masses des avantages de l'aristocratie, ou plus exactement de la bourgeoisie qui a remplacé cette dernière en 1789. O,; Si on regarde bien, quel est le seul véritable avantage de l'aristocratie, sinon une éducation princière avec toutes les conséquences qui en découlent? Je me rejère àStendhal qui disait que l'avantage de la noblesse, c'est de pouvoir être à dix-huit ans, ce qu'un autre ne peut être qu'a' quarante. Et c'est précisément de ce problème-là qu'il s'agit ici. Je trouve que la vie est malfaite: on y voit les vieux avoir tout l'argent et toutes les facilités à une période de la vie où les besoins , mis à part la santé, sont de plus en plus réduits, et d%£n autre côté, on voit de pauvres jeunes gens sacrifier leur jeunesse pour avoir plus tard une bonne situation qu'en
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definitive ils n 'auront jamais. Plus tard ils deviendront à leur tour ces vieux dont je viens de parler, et le cercle vicieux continuera d'une génération à l'autre. Les seuls vrais avantages dans l'histoire, ce sont ceux qui peuvent profiter du surplus des riches vieillards, autrement dit, ce sont les aristocrates, ce sont les fils à papa. Or, Si on veut réduire les injustices, si on veut réduire les inégalités, c 'est au départ qu'il faut les prendre, le plus tôt sera le mieux, car l'écart sera moins grand et la correction plus facile, en vertu du principe qu'il vaut mieux prévenir que guérir
La démocratisation de l'Enseignement a contribué pour une bonne part à ce que j'appelle l'aristocratîsation des masses, mais elle est encore loin d'être parfaite puisque le pourcentage des vrais prolétaires est encore infime chez les étudiants. D'autre part, il ne suffit pas d’instruire - l'instruction est relativement facile avec tous les moyens dont on dispose àl'heure actuelle - il faut surtout donner à tous les jeunes tous les avantages que peuvent avoir les fils de riches.
Le fils à papa ne serait plus favorisé par rapport aux autres si on augmentait le salaire des jeunes travailleurs, et quand je dis augmenter, ce n'est pas de trois pour cent que je parle, mais
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plutôt de trois cent pour cent. On annihilerait ainsi l'influence du milieu familial et des facteurs sociologiques. Le jeune pourrait mieux se choisir et se déterminer lui-même. On a beau dire, mais il nty a que l'argent qui compte et c'est lui qui est àl'origine des plus grosses injustice£ Dans notre société ce sont souvent les jeunes qui travaillent le plus et qui pourtant gagnent le moins. Jîfaut détruire cette civilisation du patriarcat et revenir à une conception plus primitive certes, mais aussi plus naturelle, plus juste et plus logique qui est finalement la loi du plus fort, la loi du plus jeune et du plus costaud.."
Au passage, de dirais que moi, Jacques Duclirnol, je n'étais pas du tout d'accord avec ces idées de Zarathoustra et qu'à l'époque, je m'étais même disputé avec lui à ce sujet... Mais ce n'est pas de moi qu'il s'agit ici, je reprends la citation:
'Nos illustres vieillards qui détiennent tous les poste clés s 'accomodent assez bien des guerres en faisant des bénefices personnels pendant que les jeunes sans emploi sont utilisés comme chair à canon.
Peut-être même que nos guerres sont le seul fait du
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patriarcat, ou si on préjère de la gérontocratie. Notre civilisation fait de la ségrégation vis-à-vis des jeunes en profitant de leur candeur et de l'instinct paternel. Mais la jeunesse ne devient adulte qu'en se révoltant et c 'est ainsi qu'elle ne doit pas attendre que les adultes décident ce qu'il f aut faire pour elle, car elle pourrait attendre longtemps, mais au contraire, elle doit se promouvoir elle-même.
Il n'est évidemment pas question de faire comme ces peuplades primitives qui suppriment tout simplement leurs parents lorsqu'ils sont trop vieux et à charge, ne parlons pas d'eugénisme, ni même d'eugénisme sounois et hypocrite, celui qui consiste à se débarasser très vite de ses vieux parents en les envoyant dans une maison de retraite, véritable camp de la mort mais il est seulement question de reconsidérer la chose et de créer une nouvelle civilisation où le jeune adulte serait sur un pied d'égalité avec l'adulte le plus ancien. Les salaires ne monteraient plus avec la seule ancienneté, mais avec le grade ou la fonction.
On augmenterait considérablement les allocations familiales pour les pères de famille, afin bien sûr de ne pas les désavantager. Ainsi, on serait plus rapidement général ou
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capitaine, et on ne monterait en grade que rarement et sur épreuves.
J'ai pris ici comme exemple, ajouta Zarathoustra, les grades de l'Armée, car c'est là qu'ils sont exprimés de la manière la plus flagrante et la plus nette, mais chacun sait qu'il n y' aura pas de civihsation vraiment civilisée, Si je puis dire, tant qu 'existeront les armées en guerre avec aussi des services secrets en guerre permanente. Jl faudra, à l'avenir garder les armées pour des opérations humanitaires nécessitant de grands moyens, et garder des forces de police non secrètes, pour le maintien de l'ordre social, je dirais même pour l'assistance sociale des personnes en danger...
Voilà en gros, comment je verrais une meilleure civilisation pour les temps à venir." (Passage extrait de ses Carnets).
En fait, peu après les événements de mai 68, Zarathoustra ne tarda pas à trouver de nombreuses occasions pour affirmer ses point de vue philosophiques. On peut dire en effet que dès la rentrée de novembre 68 l'Université tout entière flit pratiquement sacrifiée à la cause de la révolution sociale. Elle devint un centre d'essai et de discussion où il était pratiquement
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question de tout, sauf d'études. Elle fût menée par des gens qui, comme Zarathoustra, pouvaient être considérés comme des cobayes et des victimes de l'Enseignement de ces dix dernières années. Beaucoup s'offiisquèrent précisément du sacrifice de toute une génération, en l1occurence, celle de 45, dite aussi du baby-boom. Ils semblaient oublier que ces gens-là étaient des victimes depuis déjà bien des années, et que par conséquent, un peu plus, un peu moins, ilS ntavaient plus grand-chose à perdre.
On peut donc dire que la crise de l'Université ne se termina véritablement que par l'avènement au pouvoir, beaucoup plus tard, de Zarathoustra, lors de la fin de la Cinquième République et des élections qui s'en suivirent.
L'Université se transforma complétement, pour devenir peu àpeu ce qu'elle est aujourd'hui. Son règne tyrannique et dictatorial en matière de culture était bien fini, en partie grâce àla multiplication des moyens audio-visuels et à la dévaluation complète des diplômes les plus prestigieux.
Mais revenons un petit peu à Zarathoustra. Quel fût son comportement pendant ces années transitoires, pendant ce qu'on a appelé aussi sa traversée du désert ou sa longue marche? Eh bien! par le magnétisme de sa personnalité, ce personnage, Si
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calme, si frêle, si chétif se mit à exercer une autorité tenant du caprice de la diva ou du despotisme napoléonien. Lui qui naguère, n'osait jamais rien demander à personne, sans doute par timidité, commandait presque inconsciemment, au doigt et à l'oeil, tant le moindre de ses désirs semblait être un ordre auprès de tous ceux ou celles qui l'entouraient. Beaucoup l'adoraient et se seraient fait tuer pour lui. Je pense à ce mot de Napoléon disant qu'il n'y a rien de tel que la force quand elle s’appuie sur la faiblesse: "Voyez les jemmes... " disait-il.
Ainsi donc ce garçon, qui inspirait le calme et la quiétude, vit bientôt se former autour de lui, au cours des mois et des années qui suivirent, une véritable armée de partisans. Ce qui au début n était qu'un folklore d'étudiants se battant à coups de matraques et de couvercles de poubelles, ce qui n'était que comités d'action, groupements pseudo révolutionnaires, trotskysants ou anarchisants, s'organisa peu à peu dans la dignité, le sérieux et la légalité autour de Zarathoustra. Dans cette sorte d'armée où l'antimilitarisme était pourtant de rigueur l'aspect folklorique, coloré, bruyant et sympathique gardait un rôle primordial. Dans le fond, il s'agissait maintenant de séduire la nation, y compris dans les chaumières reculées, et non pas de s'opposer à elle ou
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de la braquer.
Zarathoustra qui, avons-nous dit, avait un côté music-hall par son talent de poe te, eut l'idée de constituer une sorte de clique composée de musiciens de toutes sortes, lesquels, vêtus d'uniformes aussi chatoyants que fantaisistes, l'accompagnaient souvent dans ses déplacements ou ses récitals, souvent au son de quelque marche militaire très connue, dc quelque musique de jazz, de Jacques Brel ou de Georges Brassens, les deux grands troubadours de cette époque. Il avait un penchant marqué aussi pour les tambours, de sorte que les musiciens qui l'accompagnaient sur scène, étaient des champions des percussions toutes catégories.
"Rien n'est plus noble que le tambour, disait-il, quand je l'entends autour de moi, un frisson esthétique me traverse de part en part, etje suis alors en état de réciter mes poèmes."
Ainsi, il déployait, grâce à ses musiciens, un faste peu ordinaire qui contribua grandement à fasciner les foules, estudiantines ou pas. Les journalistes y mettant du leur, il n'eut
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pas de peine à déboulonner ses copains de mai 68: Cohn-Bendit, Sauvageot ou Geismar.
En 1999, après s'être fait acclamé dans toutes les villes de province et surtout à Paris, il se présenta sans complexe à la Présidence de la République. Les Français votèrent en masse pour lui. Il modifia la Constitution, et devint donc le premier, et aussi le dernier Président de la Sixième République.
Nous connaissons tous à l'heure actuelle quelles furent les grandes lignes de la politique zarathoustrienne et je ne reviendrai pas là-dessus, d'autant plus que nous en subissons encore les conséquences. Je ne m'attarderai donc pas sur la Cinquième République, ni même sur l'aspect purement historique au jour le jour de la Sixième République. Comme je le disais au début de ce discours, c'est surtout l'homme qui m~intéresse chez Zarathoustra, et notamment le philosophe.
Il y a deux aspects chez lui, comme d'ailleurs chez tout homme: un aspect positif et un aspect négatif car personne n'est parfait. L'aspect positif c'est, selon moi, le philosophe au pouvoir. N'oublions pas qu'il fut le premier vrai philosophe à gouverner pratiquement l'Europe par la France interposée. Sans
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doute, cela répondait-il à un besoin moderne, à un signe des temps, sans doute était-ce la conséquence d'une réaction de l'homme face au progès et à l'automation. Zarathoustra pensait en effet que l'homme était fait de chair et d'os, que l'homme était plus bête qu'ange, et que par conséquent il ne retournerait jamais assez à la nature. N'oublions pas qu'on lui doit, entre autres choses, la création de tous ces parcs immenses où le citadin recherche et trouve l'évasion. On lui doit aussi le reboisement de nombreuses régions, la création de réserves d'animaux, la suppression presque complète du bruit assourdissant: la fameuse loi du 25 novembre 1999, que j'ai moi-même fait voter en tant que ministre d'état. Et ici j'ouvre une parenthèse pour m'adresser aux jeunes qui n'ont pas connu cette époque de bruit intense et généralisé, cause de bien des maladies nerveuses, psychiques, cardiaques et autres. Ceux qui aiment tant faire du bruit, même aujourd'hui, n'ont heureusement pour eux jamais entendu un pot d'échappement, jamais vu décoller un Boeing ou un Concorde, ni entendu un Mirage franchir le mur du son. De nos jours, on se demande même comment de tels bruits ont pu exister. Fallait-il que les peuples d'alors fûssent complètement abrutis pour aimer ainsi
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se casser les oreilles! Pourtant, avant Zarathoustra, aucun gouvernement ne se souciait de ce genre de pollution. Sans doute trouvait-on ça tout naturel...
A cette philosophie du retour à la nature dépolluée s'ajoutait aussi chez lui une philosophie qu'on pourrait qualifier d'humaniste. Très tôt, il s'était rendu compte à quel point les rapports humains étaient tendus et agressifs, sinon dangereux. Vers les années soixante-dix, par exemple, la circulation était déjà devenue quasiment impossible, surtout en ville. Tout marchait aux feux rouges et verts. Tout le monde était obligé d'attendre pour pouvoir traverser une rue, et encore, fallait-il le faire à des endroits qu'on appelait des passages cloutés, en souvenir de clous que personne n'avait vu, sauf peut-être en des temps immémoriaux. Un automobiliste pressé, Si je puis me permeffre ce pléonasme, se croyait obligé de faire courir un piéton sur les dits passages cloutés, mieux même, par je ne sais quel calcul machiavélique, il misait là-dessus, sachant que s'il y avait un accident, il n'aurait, lui, aucun dégat tandis que le piéton serait impitoyablement écrasé. Aussi, il y avait plus de seize mille morts par an sur les routes; on assistait tous les jours
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à des algarades qui allaient parfois jusqu'au meurtre tant les gens étaient enragés ou hypertendus.
Conversant un jour avec des vieux, Zarathoustra apprit que les gens étaient plus heureux autrefois, avant-guerre. ( Il s'agissait de la guerre de 39-45, bien entendu) que les gens étaient beaucoup plus détendus, les rapports sociaux beaucoup plus sympathiques.
"Autrefois, lui dirent-ils, Si quelqu'un se tombait dans la rue, il y avait aussitôt une dizaine de personnes pour venir le relever ou le secourir. Maintenant, vous êtes accidenté sur le bord de la route et personne ne s'arrête... Les gens étaient moins pressés. On se rencontrait dans la rue et d'emblée on se serrait la main, et on discutait le coup devant un canon de vin. Du reste les cafés étaient bondés... Le soir, en été, on sortait les chaises devant la porte et on veillait tout en papotant et en rigolant... Tout ceci est bien terminé maintenant... Il est vrai que le fligidaire, la voiture, la télé, la machine à laver, etc, apportent un certain confort, mais finalement on n'est pas plus heureux pour autant, parce qu'on ne sait pas en profiter. On n'a pas su bien employer le temps qu'on avait gagné... Alors que ces
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machines devraient apporter la douceur de vivre, il semble au contraire qu'elles enragent l'individu...
"Et puis monsieur, ajouta un des vieux, en soulevant légèrement sa casquette du bout de l'index, maintenant il n'y en a plus que pour l'argent!" Et il cracha parterre.
Reconnaissons objectivement qu'il a bien failu attendre Zarathoustra pour qu'on supprime enfin les voitures en ville, mis à part les transports en commun et les véhicules prioritaires, et même qu'on en revienne purement et simplement à la bicyclette.
D'autre part, il pensait qu'il failait philosopher davantage, qu'il fallait réapprendre à vivre, car l'homme était inadapté au progrès. Il s'ingénia donc, pendant toute la durée de ses mandats à simplifier la vie du citoyen. C'est dans cette optique qu'il réforma la bureaucratie, et qu'il abrogea la quasi-totalité des lois par trop mesquines.
" Il faut faire confiance en l'homme, disait-il, en tant qu'individu, et ce n est pas en multipliant les lois, surtout les lois qu'on n'est pas capable d'appliquer, qu'on supprimera les
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scélérats et les crapules... et on peut dire, à la limite, que les lois n'auraient aucune raison d'être dans une société conviviale. Il vaut mieux châtier le hors-la-loi et laisser en paix les honnêtes gens, que de châtier par laxisme tous les innocents à coups de lois et de règlements sans pour cela punir le hors-la-loi. Il n’y a qu'une seule loi, c'est la loi d'amour, toutes les autres ne sont faites que pour parvenir à elle."
La notion de participation, née des journées de mai 68, trouva avec lui sa pleine expression. Désormais tout se faisait en famille, la société tout entièrè était comparable à une famille tenant des conseils de temps à autre, chaque fois qu'une décision importante devait être prise. Lorsqu'un individu commettait quelque méfait, on essayait de le remettre dans le droit chemin plutôt que de le condamner, et de le neutraliser plutôt que de le supprimer. C'est encore certainement par humanisme que Zarathoustra réforma les tribunaux et la Justice. On sait en effet qu'il donna d'autant plus d'importance aux tribunaux qu'il abrogea un grand nombre de lois. A présent, reconnaissons-le, la Justice est plus sérieuse qu'autrefois: par exemple, on n'est plus acquitté ou condamné par le seul fait de
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l'argent, de l'intervention de l'Etat ou de l'éloquence d'un avocat, autrement dit, comme le disait La Fontaine, selon qu'on est puissant ou misérable. C'est ici sans doute que la notion de conseil de famille dont je parlais plus haut a trouvé sa pleine expression.
Un autre aspect positif de Zarathoustra résidait dans sa non-violence dont il a toujours été un chaud partisan. S'il était pour les réformes, voire pour les révolutions, du moins était-il contre toute efflision de sang. Il ne voulait pas, comme il le disait souvent, tomber de Charybde en Scylla. La paix ne doit pas et ne peut pas s'imposer par la violence, sans quoi c'est un non-sens; toutefois, il reconnaissait que la violence est parfois inévitable quand c'est le seul moyen pour éviter une autre violence encore plus grande, et que Si elle est, en principe, mauvaise, à l'échelon de l'individu ou même du groupe, elle est souvent justifiée sur le plan collectif ou national quand il s'agit de préserver le grand nombre. S'il dénonçait la violence, par contre il préconisait l'événement pour la marche en avant du monde, affirmant qu'il pouvait y avoir un événement sans violence, contrairement à ce qu'on pourrait croire.
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"Prenons les événements de mai 68, me disait-il un jour, c'est ici qu'on voit à quel point un événement fait prendre conscience aux foules de certains problèmes jusque-là délaissés ou ignorés. Je ne connais aucun Français qui n'ait pas discuté des événements en mai 68, en famille, ou même avec quelque rencontre fortuite. Pour un peu, tout le monde se serait tutoyé dans les rues, et le terme de camarade aurait succédé à celui de citoyen des années 1789. Je dirais donc que l'événement, avec ou sans violence, est le nerf de toute révolution..."
S'il est incontestable que c'est du temps de Zarathoustra que date la politique actuelle, il est bien évident que ce n'est pas uniquement grâce à lui, comme certains ont tendance à le croire, que la révolution sociale s'est produite. A ce propos je voudrais dire deux mots sur sa conception du pouvoir: il était ouvertement contre le pouvoir personnel, et il a d'ailleurs traité ce thème, comme vous le savez, dans une de sa déclaration d'Epinal en 1973. C'est un peu grâce à lui qu'a été démystifié ce genre de pouvoir. Les Français finirent par s'apercevoir que personne n'était indispensable, et que les grands hommes, il y
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en avait toujours de rechange Car finalement ils répondent aux besoins d'une société et uniquement à ça.
On a les chefs qu' on mérite, disait-il. On ne naît pas chef on le devient et malgré sot par la force des choses, par le hasard L'homme qui réussit est comme le spermatozoïde qui féconde l'ovule. Il a eu un coup de pot de tomber juste sur l'ovule, alors qu 71 avait deux cent millions de concurrents. De surcroît l'oeuf qu 71 afécondé ntest pas génial non plus, il peut très bien donner naissance à un mongolien ou à un taré."
Pour ma part, je dirais que Zarathoustra n'a jamais décidé quoique ce soit d'important sans en faire part à son entourage. Il n'imposait jamais son point de vue: il se contentait de persuader son auditoire et, lorsqu'il n'y arrivait pas, il s'inclinait. Avec lui, toutes leS décisions étaient prises au cours de conseils restreints où chacun, en dépit de ses fonctions différentes, était sur un pied d'égalité.
"Mon cher Duchmol, me disait-il je suis résolument contre le pouvoir personnel par contre je crois en la nécessité,
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comment dirais-je, biologique, du chef. Si le chef ne répondait pas au besoin et à l'aspiration profonde du groupe, j'aurais refusé de l'être, jamais je ne me serais présenté aux prés identie îles, et je ne serais pas ici. Mais quoiqu'on dise la foule a besoin d'idoles, et une foule, même composée d'éléments intelligents, se comporte toujours bêtement...
La preuve que même les peuples intelligents se conduisent bêtement a été fournie par l'Allemagne nazie, disait-il. Comment un peuple européen tout entier, a-t-il pu se conduire comme il l'a fait? Voilà une question qui donne à réfléchir et qui montre bien que lorsqu'un peuple se met à adorer un homme cela devient extrêmement dangereux et annonce quelque guerre: regarde Louis XIV Napoléon, Staline, Hitier, j'en passe et des meilleurs...
La paix a horreur des grands hommes d'état. C'est pourquoi le référendum n 'est qu'un mythe, un mensonge pour le peuple et une farce aux yeux des dirigeants machiavéliques... Les élections, quoique nécessaires, car elles donnent au peuple l'impression que c'est lui qui gouverne, ne sont qu'une duperie le plus souvent.
On ne dira jamais assez que l'homme propose et que Dieu
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dispose. En fait, un chef n 'a presque aucun pouvoir et ne peut que s'en remettre au déterminisme du monde. Les hommes ne font que se tromper eux-mêmes sur leurs pouvoirs respectifs. C'est pourquoi, bien que reconnaissant la nécessité du chef je suis contre le pouvoir personnel qui exagère et glorifie le rôle du chef lui attribuant tout ce qui est bien et attribuant à son opposition tout ce qui est mal, ou considérant le mal en question comme inévitable, tel un imbécile qui recevant deux coups de bâton serait heureux à la pensée qu'il aurait pu en recevoir trois, et qui remercierait son bourreau à la fin de la torture...
Ce n'est pas moi qui attribuerais les grands événements de l'Histoire, comme les guerres ou les paix par exemple, au seul f ait des dirigeants. On voit bien que, dans tous les cas, ils ont été dépassés.
Les rois eux-mêmes (excusez-moi, Votre Majesté, de rapporter ici les propos du dernier de nos révolutionnaires) ne sont en fait responsables que des faits les plus petits, ceux dont on ne parle pas, les faits qui jouent à l'échelon des personnes et des relations avec l'entourage.
Qu'un premier ministre donne un portefeuille à un de ses
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amis, me disait Zarathoustra, c'est là quelque chose dont il est pleinement responsable et dont on peut le féliciter ou le blâmer mais, s’il signe un traité de paix, ou s’il est l'auteur de quelque grand fait de ce genre, on peut dire sans se tromper, je crois, qu'il n'y est pour rien et que, s’il n'avait pas été là pour le faire, il y aurait eu quelqu'un d'autre à sa place, n’ importe qui, quelqu’un qui aurait surgi de nulle part, comme un champignon. Or, de quoi se vantera le ministre, ou de quoi sera-t-il félicité, sinon d'avoir arrêté la guerre? Par contre, il ne se vantera pas d'avoir pistonné un ami incapable et d'avoir pratiqué le népotisme.
Je pense, mon cher Duchmol, poursuivait-il, que n’ importe qui peut exercer une fonction donnée, et finalement, la seule difficulté, souvent insurmontable, c'est justement d'accéder àcette fonction, d'autant plus qu'elle suppose une émulation, un concours, un combat le plus souvent.
Ce n'est pas parce qu'on est le chef qu'on commande. A y regarder de près personne ne commande vraiment et personne n'est tout à fait responsable. Seuls l'orgueil et la bêtise peuvent s'attribuer ou revendiquer des responsabilités pleines et entières. L'homme, quel qu'il soit, n'a guère de liberté. Les
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hommes d'action se donnent l'illusion du pouvoir, seulement l'illusion. A l'origine, ils font tous un complexe d'infériorité qu'ils ont voulu à tout prix compenser ou surcompenser Ce sont tous des orgueilleux. Ils posent devant l'Histoire qui leur célèbrera, pensent-ils, plein de louanges dans les siècles des siècles, et ils se croient responsables des événements auxquels ils n 'ont fait qu'assister; mais ce n test là qu'illusion, qu 'apparence. fis ne sont rien de plus que les autres, leur création personnelle est minime. En réalité, les grands hommes, Si grands hommes il y a, ce sont les créateurs, les artistes, les saints."
Que sa majesté le roi Henri V me pardonne de rapporter ces propos républicains du révolutionnaire Zarathoustra. Mais enfin, voici ce qutil disait encore:
"Que reste-t-il aujourd'hui de Louis XIV? Une image aussi fausse que figée, représentant un grand roi. fi ne reste qu'un nom auquel on rattache un tas de choses qui ne sont pas de son fait à lui. Parallèlement, que reste-t-il de la Fontaine, par exemple, cet écrivain mis en quarantaine par le roi? Douze
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livres de fables que des millions de gens ont longuement méditées et méditent encore depuis trois siècles et dans lesquelles on va chercher le bon sens et la sagesse dont on a tous les jours besoin... Qui est le plus grand,de Louis XIV ou de La Fontaine? Louis XIV, dira-t-on, mais justement c'est grâce à des gens comme La Fontaine que le Roi-soleil nous éblouit tant. Ainsi, on glorifie le roi de ce qu'il n'est même pas, et on oublie les vingt millions de sujets sans lesquels Louis XIV n'aurait jamais été le Roi-soleil ".
Arrivé à la fin de mon discours qui ne voulait pas lasser l'assistance, on pourra s'étonner peut-être que je n'aie pas parlé ici de tous les défauts et de toutes les erreurs politiques de Zarathoustra. Il est bien évident qu'on pourrait en trouver... Qui n'en a pas? Mais en hommage à l'amitié que je lui ai toujours portée, je n'en parlerai pas.
Comme tout régime qui reste trop longtemps au pouvoir, le sien a également dégénéré peu à peu car, en dépit de la nouvelle conception de la démocratie qui est née de l'époque zarathoustrienne, le dit régime a fini par ne favoriser toujours que les mêmes catégories de gens. C'est là une chose à la fois
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classique, fatale et irrémédiable, et c'est pourquoi je n'ai pas peur ici de proclamer, comme d'ailleurs Zarathoustra, que "le changement est nécessaire à la vie et à la santé des peuples." Zarathoustra a eu le mérite de s'en apercevoir ou du moins de sentir qu'il avait fait son temps. A vrai dire, je ne sais pas plus que personne quelles ont été les véritables raisons qui ont motivé le départ de Zarathoustra... Peut-être l'amour de sa femme ici présente, la poétesse, tragédienne et danseuse hors pair Alexandra de La Fresnaye ? Peut-être un jour nous en parlera-t-elle?... Ou bien s'agit-il de toute autre raison?... On s est perdu en conjectures à ce sujet...
En tout cas, le 10 décembre 1999, à l'âge de 54 ans seulement, celui qui avait été le plus jeune Président de la République d'Europe, se retirait brusquement de la scène politique, après une entrevue discrète avec sa majesté le futur roi Henri V ici présent. Il mourut brutalement, on le sait, il y a vingt ans aujourd'hui, victime d'un stupide accident de la route...
Je ne m'attarderai pas sur la suite que tout le monde connaît. La crise politique et constitutionnelle qu'entraîna le départ de
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Zarathoustra. La troisième guerre mondiale suivie des événements planétaires et apocalyptiques que nous connaissons tous. Puis la seconde Restauration et l'arrivée au pouvoir de sa majesté le roi Henri V au terme de sa longue et glorieuse marche...
Comme quoi, mesdames, mesdemoiselles, messieurs, l'Histoire, même si elle ne nous sert jamais exactement les mêmes plats, est un éternel recommencement...
Mais pour ce qui est de Zarathoustra, il n'en reste pas moins admirable et affachant, quoiqu'il ait pu arriver, quoiqu'il puisse arriver encore de nouveau sur notre vieille planète. Il est entré dans l'Histoire comme le dernier et le plus authentique des révolutionnaires, et aujourd'hui encore partout dans le monde des milliards d'hommes se réclament de lui et de sa philosophie politique...
J'ai eu le privilège de voir Zarathoustra trois jours avant sa mort, il y a donc vingt ans, alors qu1il coulait des jours heureux avec sa chère épouse, qu'il était en pleine possession de toutes ses facultés intellectuelles et physiques et que nul ne pouvait prévoir sa fin aussi bête que dramatique dans cet accident de la route causé par un sanglier qui lui fit perdre le contrôle de sa
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voiture.
Nous habitions à deux pas l'un de l'autre, lui dans sa chère Lozère, et moi dans ma bonne vieille Ardèche, et voici les paroles prophétiques qu'il m'a confiées et que tout le monde connaît aujourd'hui, mais que j'ai quand même plaisir à répéter et qui sera le mot de la fin:
" - Dupuy, lui dis-je (car depuis le collège je l'ai toujours appelé ainsi) quand est-ce que tu reviendras au pouvoir? Sans toi on est perdu; depuis que tu es parti on ne sait plus qui on doit y mettre...
- Après moi, mon cher Duchmot, me répondit-il, après moi il n'y a pas d'autre alternative que le retour du Grand Roi... et il ajouta avec humour... je veux dire, le retour de Jésus!"
Entre ici, Zarathoustra ! Entre ici, aux côtés de Rousseau et de Jean Moulin ! Tu as bien mérité de la patrie ! Tu as bien mérité ta panthéonisation!
Entre ici, Zarathoustra, et merci!
Que la nation et la France, que l'Europe et l'Humanité te soient à jamais reconnaissantes!
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FIN
Lien pour lire le livre "Zarathoustra 68" en entier:
http://teston.centerblog.net/rub-zarathoustra-68-michel-teston-ecrivain-.html
"Zarathoustra 68, le révolutionnaire"
(Michel Teston, ISBN 2-9509937-0-2, 1999).
Lien sur ma tragédie complète : "Les Templiers" :
http://teston.centerblog.net/rub-les-templiers-michel-teston-.htm
Bonne lecture.
Ci-dessous ma reprise de "Diego".
Bonjour MichelUn très beau texte , mais qui m'a demandé plusieurs jours , pour pouvoir le lire .
Je te souhaite un excellent week-end , malgré la pluie , que nous avons ce matin
Amicalement
Patrick
http://cyclisme31.centerblog.net
Merci de m'avoir lu longuement, Patrick. Bon week-end à toi. Ici c'est encore la pluie, la grisaille, et même en prime l'orage et la grêle au programme! Il reste toujours la chanson et la littérature. Amitiés.Ecrire un commentaire